Félix Tshisekedi exige des clarifications de la part de l’UE
23 février 2024"C'est comme si l'Union européenne nous faisait la guerre par procuration", a réagi jeudi (22.02) le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, après la signature, le 19 février, d’un protocole d'accord entre Bruxelles et le Rwanda. Il s’agit d’un accord visant à renforcer la coopération dans le secteur des mines, notamment en ce qui concerne des métaux stratégiques comme le tantale, l'or et le tungstène.
"Quand vous achetez le produit d'un receleur, vous êtes vous-même coupable de vol", a affirmé Félix Tshisekedi. Des propos du président congolais qui font référence aux accusations portées contre le Rwanda de piller un certain nombre de ressources minérales dans l’est de la RDC.
Effets d’intensification du conflit
Des propos qui sont justifiés, selon Jean Pierre Okenda, représentant de Resource Matters en République démocratique du Congo. Et il est normal "que la RDC exige d’en savoir un peu plus, pour connaître les données géologiques".
"Le RDC doit absolument, c’est son droit légitime, mieux comprendre les contours qui ont amené l’UE a signé un accord qui potentiellement peut avoir en tout cas des effets d’intensification du conflit qui sévit dans l’est de la RDC. Mais de l'autre côté, est-ce que cela signifie que le Rwanda ou l’Union européenne n'ont pas le droit d'avoir un partenariat ? Je crois qu’en tant que pays et organisation, les deux parties ont aussi leur souveraineté", indique le représentant de Resource Matters en RDC.
Le timing de ce protocole d’accord est surprenant, alors que le conflit s’intensifie entre les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et l’armée congolaise dans la province du Nord-Kivu.
L’UE veillera à la transparence dans le secteur
De son côté, Bruxelles rappelle que des accords similaires ont été signés avec la Namibie, la Zambie et même la RDC, en octobre 2023.
Ana Pisonero, porte-parole de l‘Union européenne, insiste que "le mémorandum d'entente prévoit de travailler énormément sur la vérification et aussi tout ce qui est le renforcement de la traçabilité et la transparence dans ce secteur. Ça, ce sont des choses très importantes. Mais aussi, bien sûr, au sein de l’UE, en ce qui concerne l'importation de ces matériaux, on a des règles pour veiller à ce que tout soit dans l’ordre et qu’on n’importe pas de minéraux de zones de conflit."
Pour l'Union européenne, ce partenariat signé avec le Rwanda contribuera à assurer un "approvisionnement durable en matières premières critiques", ce qui est une condition préalable essentielle à la " réalisation des objectifs en matière d'énergie verte et propre ".