Le Togo rejette la dépénalisation de l'homosexualité
2 juillet 2021Le Togo dit une fois encore non à l’homosexualité. Christian Trimua, le ministre togolais chargé des droits de l’homme, , l’a martelé au Comité des droits de l’Homme des Nations unies, lors de sa 132è session.
"En ce qui concerne spécifiquement les relations sexuelles entre adultes consentants du même sexe, le Togo n’envisage pas d’abroger les dispositions pénales relatives à cette infraction. Parce que cette orientation sexuelle ne s’inscrit pas dans les valeurs sociales de nos populations et de notre pays".
Un point qui a bloqué les discussions
On note ainsi une contradiction entre ces déclarations et les engagements pris lors de la signature de l'accord ACP (Afrique, Pacifique, Caraïbes), conclu récemment à Bruxelles. Ce accord suppose le respect des orientations sexuelles par les pays signataires.
Le ministre togolais des affaires étrangères, Robert Dussey, qui était le négociateur en chef pour les pays ACP, a admis sur les ondes de la DW que ce point avait longtemps bloqué les discussions.
Il n’est donc pas sûr que Lomé puisse maintenir longtemps sa position après avoir signé le nouvel accord entre les pays ACP et l’Union européenne.
L'homosexualité, toujours passible de prison
Mais ce rappel du ministre togolais des droits de l’Homme devant le Comité des droits de l’Homme de l’Onu a choqué la communauté homosexuelle au Togo, dont les membres évoluent dans la clandestinité.
"Une fois qu’il y a ce genres de déclaration, c’est comme si on nous lançait à la vindicte populaire", a déclaré une personne qui a requis l’anonymat. "N’oublions pas que le contexte social ne permet pas à ces personnes de s’assumer, ce qui fait que la plupart de ceux qui sont des homosexuels partagent les mêmes femmes avec les hétérosexuels. Alors que la prévalence du VIH est très élevée dans ces groupes cibles".
Selon l’article 392 du code pénal en vigueur au Togo, "constitue un outrage aux bonnes mœurs, tout acte impudique ou contre nature commis avec un individu de son sexe".
La peine encourue est d’un à trois ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un à trois millions de francs CFA.
Le code des personnes et de la famille rejette aussi l’homosexualité. Et l’article 82 stipule que "la nullité du mariage doit être prononcée lorsque les conjoints ne sont pas de sexe différents".