Togo : l’opposition prend des risques avec le boycott
2 octobre 2018C’est une refonte complète du fichier électoral qui est en cours au Togo en vue d’établir de nouvelles cartes d’électeurs, en prélude aux prochaines élections. Les anciennes cartes ne seront plus valables.
Boycott, l’arme de l’opposition
Boycotter une telle opération peut couter politiquement. Or, ce n’est pas la première fois que l’opposition togolaise refuse de participer à ce processus, elle l'avait déjà fait en 2013 et 2015. Mais pour Nathanaël Olympio, l’un des responsables de la coalition de l’opposition, la situation n'est plus la même.
"A l’époque c’était une grave faute politique. Mais si les gens pensent que cela sera réédité, c’est une méprise complète", selon Olympio.
Comme c’est souvent le cas, la classe politique togolaise est divisée sur la conduite à tenir. Gerry Taama, le président du Nouvel engagement togolais, le NET a appelé ses partisans à se faire enrôler. Son parti se réclame du centre.
"C’est comme un homme prévoyant qui sort avec son parapluie. Si vous êtes recensé et que demain il ne pleut pas ou qu’il n’y a pas d’élection, vous êtes quand même content d’avoir votre parapluie. Mais s’il pleut, vous êtes protégé. Donc s’il y a une élection vous pouvez voter", estime Taama.
Crédibilité des scrutins
L’appel au boycott de l’opposition est un coup dur pour la crédibilité des prochains scrutins, selon certains observateurs surtout après l'entente trouvée le 23 septembre dernier avec l’opposition sous l'égide de la CEDEAO.
La coalition des 14 partis exige la reprise du travail effectué par la Ceni en l'absence de ses membres et surtout, l'audit et le conditionnement des kits. Pour Christian Trimua, délégué au dialogue au nom du parti au pouvoir, Unir et conseiller du président Faure Gnassingbé :
"Le boycott de l'opposition ne suffit pas pour dire que les élections ne seront pas crédibles. Il y a des acteurs extérieurs qui observent le processus et qui peuvent l'évaluer au fur et à mesure. Et la CEDEAO a commis une mission d'audit qui va prendre le fichier en main et qui va le contrôler", a déclaré Christian Trimua
Boycotter ou ne pas boycotter, difficile à dire si l’opposition togolaise cette fois aura gain de cause.
"C'est une stratégie mais est-ce que c'est la bonne ? C'est toute la question." S’est demandé, Moïse Kossivi Gblodjro, analyste politique à Lomé.
L’enrôlement est censé doter le pays d’un nouveau fichier électoral en vue des élections législatives et locales dans un pays qui traverse une crise politique depuis plus d'un an. Les élections locales et le référendum sont prévus le 16 décembre et les législatives le 20 décembre 2018.