Terrorisme : le Burkina ferme des sites d'or dans le Nord
8 juin 2021Le gouvernement a annoncé la fermeture de tous les sites aurifères artisanaux et la suspension de toutes les activités liées à l’exploitation de l’or sur une partie du pays.
La fermeture des sites aurifères artisanaux dans la région du Sahel avait déjà été annoncée en raison des attaques terroristes. Elle s’étalait sur une période de trois mois allant de janvier à avril dernier.
Cette fois, la suspension de toutes les activités liées à l’exploitation de l’or sur toute l’étendue des provinces de l’Oudalan et du Yagha est ordonnée, " jusqu’à nouvel ordre".
Les attaques terroristes sont fréquentes sur les mines d’or artisanales car, ce métal précieux constitue une manne pour la survie des groupes armés, selon Lionel Bilgo, analyste des questions politiques.
"Le terrorisme est une forme d’économie. Pour survivre, il a besoin de moyens financiers. Il a besoin d’argent. Non pas seulement pour acheter des armes mais aussi pour enrôler des personnes", estime l'analyste.
Selon une étude menée par l’Observatoire économique et social du Burkina, depuis 2016, les terroristes ont récolté environ 70 milliards francs CFA dans les attaques contre les mines et l’exploitation artisanale de l’or.
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Réactions mitigées
Les avis sont mitigés sur la fermeture des sites aurifères artisanaux. Certains estiment qu'"Il faut étendre cette décision à tous les sites au Burkina" quant d'autres, pensent plutôt, qu' "Il n’y a pas de travail. Les gens se nourrissent de l’orpaillage. La vie avant tout mais les orpailleurs eux ils ne voient que l’argent avant tout".
Pour un autre citoyen rencontré par notre correspondant, "Parfois, nous demandons à nos frères sur les sites d’orpaillage, de nous envoyer de l’argent à Ouagadougou. Si les sites sont fermés, ça sera compliqué ".
Faire profiter tout le monde
Pour enrôler certains Burkinabè, les terroristes brandissent l’argument de l’exploitation des zones aurifères au seul profit des grandes villes du pays. L’Etat doit, selon Lionel Bilgo, prendre en compte certaines localités lésées dans la répartition des fruits de la croissance.
"Il faut apporter l’économie et l’Etat là où l’économie et l’Etat burkinabè sont absents. Montrer aux populations qu’elles sont d’abord Burkinabè et surtout qu’elles sont protégées, c’est aussi important. Et demander à ces populations de travailler à déradicaliser leurs membres, à dénoncer toute tentative d’enrôlement", affirme l'analyste.
La commune rurale de Solhan, cible des récentes attaques terroristes ayant fait plus d’une centaine de victimes, fait partie des localités de la région du Sahel concernée par cette mesure de fermeture des mines artisanales.
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