Tensions entre réfugiés et société civile à Agadez
8 janvier 2020Les réfugiés, des Soudanais pour la plupart, sont accusés d’être à l’origine d’une hausse de la délinquance et d'agressions sexuelles contre des mineurs. Mais ces accusations ne reposent sur aucune preuve et à ce jour, le seul délit qui leur soit reproché par la justice nigérienne est l’incendie de leurs habitations.
La représentante résidente de l'UNHCR au Niger, Alexandra Morreli est à Agadez. Sa visite est en lien avec l'incendie qui a ravagé, samedi dernier, le site humanitaire du HCR qui abrite quelques 1.400 demandeurs d'asile soudanais. Parmi eux, 335 sont désormais en garde à vue. Ils sont soupçonnés d'être les meneurs de la contestation qui a conduit à cet incendie.
Pour le moment, aucune décision n'a été prise au niveau du HCR, a déclaré Alexandra Morelli. "Le HCR est à l'écoute et fait confiance à la justice du Niger. On va suivre et la justice suivra son cours comme on le dit.
Concernant les dégâts constatés sur le site, Alexandra Morelli admet que cela fait mal au cœur "C'est le cœur d’une équipe entière du HCR Niger qui est brisé et qui doit encore se rendre compte de ce qui s'est passé. J'ai parlé aux jeunes, je leur ai dit de ne plus choisir la violence pour se faire écouter, que c'est le dialogue qui sauve. La justice nous dira qui, parmi ces gens, sont innocents. Ceux-là continueront à être protégés par le HCR comme les autres réfugiés dans le monde."
Un évènement prévisible
Pour Abdouraman Insar, acteur de la société civile d'Agadez, cet événement malheureux était prévisible. Chaque fois que la société civile a attiré l'attention des autorités sur les signes avant-coureurs, ces dernières ont fait la sourde oreille.
"Ces gens là sont animés d'une autre intention. Il faut faire très attention. On a déjà sonné l'alarme. Les autorités n'ont qu'à ouvrir l'œil sur ces gens qu'on ne connait pas. On ne sait pas d'où ils viennent et ce qu'ils sont venu faire ici. Même si c'est le HCR s'occupe d'eux, à un moment donné ils deviennent ingérables. Au tout début, il y a deux ans, ils ont commencé à ne pas s'entendre avec les gens du quartier. Ils attaquaient les jeunes (...). Notre position est claire et nette : il faut trouver une solution pour dégager ces gens."
Accélérer les procédures
Selon le conseiller régional, Amouman Agali, l'incendie est d'autant plus regrettable que ces demandeurs d'asiles ont été bien accueillis à Agadez.
"Depuis longtemps, nous demandons que la commission nationale puisse venir identifier ceux qui ont obtenu un statut de réfugié pour les faire partir; ça a traîné et voilà ce qui s'est produit. Vraiment, c'est un acte regrettable dont on ne connait pas encore les conséquences. On ne sait pas si ces gens-là vont continuer à dormir sur les rues. On craint des débordements. La cohabitation avec les habitants risque de dégénérer, de mal tourner, de prendre une tournure que nous ne souhaitons pas."
Le procureur de la République auprès du Tribunal de grande instance d'Agadez a annoncé que des avis de poursuites seraient notifiés aux autorités compétentes pour d'éventuelles mesures à prendre.