Tchad : pour l'opposition, ce scrutin a désaouvé Idriss Déby
11 avril 2021Des rues désertes, des marchés et boutiques fermés : c'est l'image de la ville de N'Djamena ce dimanche. Après des retards observés à l'ouverture de nombreux bureaux de vote ce matin, tout est rentré dans l'ordre vers dix heures.
Mais durant la journée, il n'y a pas eu de longues files d'attente dans les bureaux de vote comme lors de la présidentielle d'avril 2016.
Un manque d'engouement des électeurs
Un observateur de l'Union africaine qui a déjà supervisé la présidentielle en 2016 a exprimé hors micro son étonnement face au manque d'engouement des électeurs pour cette élection.
Jean-Pierre est un jeune diplômé sans emploi qui n'a pas voté. Assis tranquillement devant sa porte au quartier Moursal dans la commune du 6e arrondissement, il justifie son refus d'aller voter en ces termes :
"La raison pour laquelle je n'ai pas voté, c'est par ce que c'est un simulacre d'élection. Déby restera toujours au pouvoir. Pourtant, on l'a vu dans sa gestion depuis 30 ans. Il a dilapidé les ressources de ce pays pour s'acheter des armes et enrichir ses parents. Ce n'est pas à travers cette élection qu'il y aura changement. D'ailleurs, les vrais candidats que les gens devraient choisir se sont retirés de cette élection.''
Un avis que partage Céline, une infirmière, qui a également préféré rester à la maison ce dimanche.
"Un changement par la voie des urnes, je n'y crois plus après cinq élections. Le président Déby n'a jamais gagné une élection. C'est une perte de temps d'aller voter.''
Un vote sous haute surveillance militaire et policière
Des avis que ne partage pas Adoum Magui, jeune militant du parti au pouvoir. Pour lui, un citoyen normal ne doit pas boycotter les élections :
"Voter est un droit et un devoir. Ceux qui refusent d'aller voter aujourd'hui sont une minorité. Ils ont demandé au peuple de ne pas aller voter mais le peuple a refusé et voilà que les élections ont normalement eu lieu. C'est la preuve que le peuple est pour la tenue de cette élection.''
Il faut préciser que c'est sous haute surveillance militaire et policière que les électeurs ont voté ce dimanche à N'Djamena. Très tôt ce matin, les militaires de la garde présidentielle et des policiers se sont positionnés à tous les ronds-points de la capitale et autour des bureaux de vote.
Même les sièges des partis politiques qui ont appelé au boycott de cette élection ont été surveillés par les forces de l'ordre. Une tentative de manifestation des militants de l'opposition a même été bloquée ce matin.
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