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Tchad : l'activiste Mahamat Nour Ahmat Ibedou persécuté

Blaise Dariustone
19 juin 2018

Le Secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'homme, cumule les problèmes. Poste de travail perdu, visite à son domicile, il semble être l'ennemi numéro un du régime.

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Justitia mit  Waage und Schwert in Görlitz
Image : picture alliance/dpa/W. Rothermel

L'activiste Mahamat Nour Ahmat Ibedou serait-il victime de ses critiques à l'encontre du régime Déby ? Le Secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'homme (CTDDH) est un ancien membre fondateur du MPS, le Mouvement patriotique du salut, le parti au pouvoir dont il a démissionné  en octobre 1993 pour se consacrer à la défense des droits de l'homme. Mais aujourd'hui, à cause de son militantisme très engagé au sein de la société civile, Ibedou semble être devenu l'ennemi numéro un du régime d'Idriss Deby Itno qui a visiblement décidé de le faire taire par tous les moyens.  

Plus d'eau, ni d'électricité

Les déboires de Mahamat Nour Ahamat Ibedou remontent au mois de février 2018. Les autorités tchadiennes ont alors décidé de supprimer le poste qu'il occupait en tant qu'inspecteur des finances chargé des missions. Plus tard Ibedou verra sa voiture de fonctions arracher. Courant mai, des agents de la Société Nationale d'Électricité et de la Société Tchadienne des Eaux se sont rendus à son domicile pour couper l'eau et l'électricité au motif de non-paiement des factures de consommation. Face à son intransigeance, le pouvoir passe à la vitesse supérieure. 

"D'abord, ça a commencé par le vol de mon téléphone, de mon sac contenant tous mes ordinateurs, les secrets, les cartes bancaires et autres", raconte Mahamat Nour Ahmat Ibedou. "Ensuite ils ont continué avec la visite chez moi pour dire que la parcelle que j'habite est une réserve de l'État et que ça doit donc être démoli." Des individus se seraient même présentés au siège de son association, la CTDDH, pour intimer l'ordre au propriétaire de la maison afin qu'il expulse les occupants. "Comme si cela ne suffisait pas, ils ont destitué mon petit frère qui est Chef de Canton pour faire pression sur moi. Les politiciens ont laissé entendre que seule une allégeance de Mahamat Nour Ahmat Ibedou peut faire rétablir ce Canton", raconte-il encore. "Jamais nous n'abandonnerons la lutte quelles que soit les pressions."

Condamnation de la FIDH

Pour la Fédération internationale des droits de l'homme auprès de l'Union Africaine, cette situation est inadmissible. "Quel crime Monsieur Mahamat Nour Ahmat Ibedou a-t-il  commis pour subir ce sort avec toute sa famille ?", interroge Dobian Assingar, représentant de la FIDH. "Nous sommes de plus en plus dans un pouvoir répressif. Le cas de Ibedou est alors pire et ce n'est pas en continuant de persécuter les défenseurs des droits de l'homme que le gouvernement va penser régler leur problème." Et d'annoncer qu'il va saisir le rapporteur général auprès des Nations-unies. "Je pense que ça fera tâche par ce que ça ira à la commission des droits de l'homme de Genève, à l'Onu et ça ne sera pas dans l'intérêt du gouvernement."

Contactée, la porte-parole du gouvernement tchadien Madeleine Alingué* a indiqué que ce sujet ne relevait pas de sa compétence. Notre demande d'interview avec le ministre de la justice et des droits de l'homme Djimet Arabi est restée également sans suite. Mais Mahamat Nour Ahmat Ibedou a du soutien. Pour lui exprimer leur solidarité, plusieurs responsables des organisations de la société civile lui ont rendu visite à son domicile, afin de lui remonter le moral. 

*Depuis le remaniement du lundi 18 juin, Madeleine Alingue n'est plus porte-parole du gouvernement tchadien. Elle occupe désormais le poste de ministre de la culture. 

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais