Tchad : le principal syndicat contre la transition militaire
22 avril 2021La grève a été lancée ce jeudi matin par l’Union des syndicats du Tchad (UST), la plus grande centrale syndicale du pays, qui s’oppose à une transition militaire dirigée le fils du président Idriss Déby. Cette position est par ailleurs partagée par certains leaders religieux qui demandent la dissolution pure et simple du Conseil militaire de transition.
Il suffit de faire un tour dans quelques institutions publiques pour réaliser l’impact de la grève lancée par l'UST. A l’exception des hôpitaux et centre de santé où le service minimum est assuré, les locaux de plusieurs services étatiques sont quasiment vides. Dans les écoles et universités, le constat est identique.
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Sosthène Mbernodji est enseignant et fait partie des nombreux travailleurs qui observent cette grève :
"Je ne suis pas allé à l’école pour enseigner. De nombreuses personnes comme moi s’opposent à cette manière de faire. Ce qui nous guette, nous Tchadiens et au-delà, nous les fonctionnaires, c’est qu’on va retomber dans ce qu’on a connu il y a quelques années. Aujourd’hui, les militaires ont pris le pouvoir pour perpétrer le règne Déby."
Position de la France, silence de l'UA
Les communautés chrétiennes rejettent également la transition militaire. Les évêques du Tchad se sont prononcés contre le Conseil militaire de transition. Tandis que dans une déclaration faite ce jeudi matin à N’Djamena, la plateforme protestante des Serviteurs de Dieu pour la justice et le droit au Tchad a exprimé la même désapprobation.
Son porte-parole, le pasteur Keleyepette Dono, accuse la France de légitimer la forfaiture de l’armée à travers un communiqué dans lequel l’Elysée avait pris acte de la mise sur pied d’un organe de transition militaire :
"Nous demandons instamment le retour à l’ordre constitutionnel, seul gage d’une ouverture vers une véritable transition démocratique. En cas de résistance, les serviteurs de Dieu prendront toutes leurs responsabilités devant la nation tchadienne. Et nous mettons en garde la France pour ses multiples ingérences dans les affaires tchado-tchadiennes."
Face à cette situation, l’Union des jeunes avocats condamne pour sa part le silence de l’Union africaine qu’elle qualifie de complice et demande à la communauté internationale d’accompagner le Tchad dans la résolution pacifique de cette crise.