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Au Tchad, le futur référendum constitutionnel divise

Blaise Dariustone
27 avril 2023

Prévu en novembre, il doit permettre de définir la forme du futur Etat. Mais la composition de la commission chargée de son organisation fait toujours débat.

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Le drapeau tchadien flotte sur la place de la Nation
Unitaire ou fédéral : quelle est la forme appropriée pour le futur Etat tchadien ?Image : Issouf Sanogo/AFP

La surreprésentation des partisans du régime de transition au sein de la Conorec -la Commission nationale chargée de l'organisation du référendum constitutionnel- ainsi que la mise à l'écart de la société civile passent mal auprès d'un grand nombre de représentants politiques.

Ces derniers accusent l'ancien parti au pouvoir, le MPS, mais aussi l'UNDR de Saleh Kebzabo, l'actuel Premier ministre de transition, de vouloir imposer leur choix qui est celui d'un Etat unitaire. Les critiques portent également sur la proposition d'un seul projet de Constitution qui évoquerait un Etat unitaire, sans donner aux Tchadiens le choix entre l'Etat fédéral ou unitaire.

La vision du MPS et de l'UNDR 

Une situation que dénonce le juriste et vice-président du parti Les Transformateurs, Sitack Yombatina Béni : "L'intelligence et la sagesse voudraient qu'on soumette au vote deux types de Constitutions produites dans les mêmes formats afin que les Tchadiens et les Tchadiennes puissent, le moment venu, se prononcer là-dessus. On devrait donner du temps aux populations afin de connaître le contenu de ces deux Constitutions. Mais tout semble indiquer que le MPS et l'UNDR veulent imposer leur point de vue aux 17 millions de Tchadiens comme ce qui s'est passé lors du dialogue national inclusif. Donc nous ne sommes pas sortis de l'auberge."

"Nous ne sommes pas sortis de l'auberge" (Sitack Yombatina)

Sensibilisation des populations

Face à cette situation, plusieurs organisations de la société civile, qui militent pour la fédération, entendent sensibiliser les populations à cet effet. Désiré Mbairamadji est le président de l'Association des jeunes arc-en-ciel pour la stabilité sociale en Afrique.

"Les Tchadiens sont conscients de ce travail que nous sommes en train de faire dans nos villages et cantons", assure-t-il. "Ce peuple va les sanctionner. Tous les Tchadiens sont pour la fédération, aucun Tchadien n'aime l'Etat unitaire parce que l'Etat unitaire a fait du mal, il a rendu les citoyens pauvres, a contribué à la violence et aux crises entre les éleveurs et les agriculteurs. L'Etat unitaire n'a pas sa place. Seule la fédération peut donner la chance aux citoyens de s'organiser."

Saleh Kebzabo, Premier ministre de la transition
Ex-ténor de l'opposition, Salez Kebzabo a été nommé Premier ministre de la transition par le président DébyImage : Denis Sassou Gueipeur/AFP/Getty Images

Difficile de revenir en arrière

Des critiques dont est conscient le conseiller du Premier ministre de transition, Abderamane Djasnabaye : "J'aurais aimé que dès le départ, quand les gens ont constaté que la structure Conorec n'était pas inclusive, telle que prévue par le dialogue, que ceux-ci réagissent d'une manière énergique et avec beaucoup de rigueur. Mais j'ai constaté un silence au niveau des partis politiques et de la société civile. Aujourd'hui, les choses sont déjà avancées donc c'est un peu difficile de revenir en arrière. Mais il faut que les gens continuent leurs revendications, on verra ce que le gouvernement va faire."

Dans un sondage effectué en avril 2023 par le Centre d'études pour le développement et la prévention de l'extrémisme, et dont le résultat est en cours de publication, 55,9% des Tchadiens, sur un échantillon de 1.000 personnes interrogées, se sont prononcés pour la forme fédérale de l'Etat, contre 37,1% qui affirment préférer l'Etat unitaire décentralisé.

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais