Tchad : l'opposition dénonce des élections forcées
23 août 2024Pour l’opposition, l’alibi du manque de temps et de moyens pour réaliser un nouveau recensement, devant engendrer un nouveau fichier électoral, n’est pas acceptable. C’est un faux débat, déclare Max Kemkoye, le président du parti Union des démocrates pour le développement et le progrès, l’UDP, un parti d’opposition.
"La base d'une élection crédible, c'est un fichier électoral fiable. Puisque le fichier électoral est l'antichambre des élections. Surtout pour des élections majeures comme des élections législatives et locales. S'ils disent qu'ils n'ont pas de moyens et de temps, il paraît scandaleux et risible d'organiser ces élections avec un fichier électoral qui n'est pas fiable. Ce chronogramme est tout simplement inadmissible"., dit Max Kemkoye.
L’ancien Premier ministre Succès Masra, président du parti Les Transformateurs, souhaite, lui, que ces élections se tiennent plutôt début 2025. L’organisation des campagnes électorales en pleine fête de Noël est un gâchis, a écrit Succès Masra sur sa page Facebook.
Réaction de la société civile
Outre le non renouvellement du fichier électoral, faute de moyens, la société civile dénonce pour sa part un déséquilibre entre la démographie de certaines provinces et le nombre de représentants qui leur sont attribués, à travers les lois organiques portant sur la composition du Parlement et le découpage électoral promulguées mi-août. Jean-Bosco Manga est écrivain et activiste des droits humains.
"Ces élections en cours sont une mascarade politique. Ces élections ne sont que des manœuvres du régime afin de perpétuer un statut antidémocratique au détriment de la volonté populaire. On ne peut organiser des élections sans régler les pertinentes questions liées au nombre des électeurs conformément au poids démographique, aux limites territoriales entre autres". dit à DW, Jean-Bosco Manga.
Mais en face, le parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut, se dit prêt. Mahamat Zen Bada en est le secrétaire général.
"Nous sommes prêts. Au sortir du dialogue, on nous a dit que la transition, c'est pour deux ans. Donc les deux ans expirent à la fin de l'année 2024. Donc il faut absolument qu'on fasse un retour à l'ordre constitutionnel. C'est dans l'ordre des choses. Ce sont des choses qui sont déjà votées et nul n'est censé ignorer la loi. C'est un débat clos".
Le Tchad n’a pas connu d’élections législatives depuis 2011. Et c'est la première fois que celles-ci sont couplées avec les élections locales.