Les propositions du comité ad hoc font réagir au Tchad
29 septembre 2022Un comité ad hoc, mis en place par le présidium du dialogue national, a proposé une prolongation de deux ans de la transition, de maintenir à la tête de l'Etat le chef de la junte militaire, Mahamat Idriss Déby Itno, et d'autoriser les membres de la transition à présenter leurs candidatures aux élections à venir.
Si toutes ces propositions du comité ad hoc font l'objet d'intenses discussions au dialogue national, il semble que pour certains participants à la rencontre les choses aillent déjà dans le bon sens.
Saleh Kebzabo, le président de l'UNDR, se félicite du travail de ce comité et estime qu'il faut être réaliste.
"J'étais de ceux qui militaient pour une transition de 18 mois. Celle-ci vient de finir et voilà qu'on va déborder et qu'on va avoir encore une transition de deux ans. C'est le réalisme qui l'impose. J'étais de ceux qui ont dit aussi que les dirigeants de la transition ne peuvent pas participer aux compétitions électorales futures mais force est de constater que si vous excluez une catégorie quelconque de citoyens, c'est injuste. Laissez tout le monde participer. Organisons de bonnes élections" explique Saleh Kebzabo à la DW.
Les décisions s'imposent à tous
A ceux qui ont préféré boycotter le dialogue national, Saleh Kebzabo rappelle que les décisions qui y seront prises "leur seront imposées” comme à tous les autres Tchadiens.
En attendant, les propositions du comité ad hoc ne surprennent pas des membres de Wakit Tama comme Max Loanlgar, qui est l'un des porte-parole de la coalition.
"Pour Wakit Tama, la messe était dite dès les premiers jours, nous savions que le but était de maintenir la junte au pouvoir. Nous savions que les questions d'intérêt pour le peuple ne sont pas au centre des préoccupations de cette junte. Nous attendons de voir ce que le peuple nous dira" précise-t-il à la DW.
Une partie de l'opposition et de la société civile, ainsi que des politico-militaires, ont en effet préféré ne pas participer au dialogue. Les arguments avancés par le comité ad hoc pour justifier ses propositions sont ainsi beaucoup critiquées.
Au micro de la DW, Bedoumra Kordjé, point focal d'un groupe des organisations signataires de la déclaration du 19 mai 2022 pour un dialogue national réussi, a estimé par exemple que "les dirigeants actuels de la transition ayant pris le pouvoir sans être élus, leur "inéligibilité (…) est une question de principe et la charte de l'Union africaine est très claire là-dessus parce que c'est un changement anticonstitutionnel."
Un cas particulier
Selon Jean Bernard Padaré, le secrétaire général et porte-parole de l'ancien parti au pouvoir, le MPS, aucun texte n'interdit aux membres de la transition de se présenter aux élections.
Il estime par ailleurs que "les gens font la confusion avec les juntes qui sont au pouvoir au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Dans ces pays cités, les militaires ont fait des coups d'Etat contre des dirigeants élus". Il ajoute qu'"au Tchad, l'interruption de l'ordre constitutionnel était dû à un facteur inédit (...) Que ce soit des dispositions du droit interne ou bien de l'Union africaine, cette disposition n'est pas applicable au cas du Tchad.”
Les opposants à l'actuel chef d'Etat Mahamat Idriss Déby Itno, fils de l'ancien président, estiment pourtant que s'il n'y a pas eu de coup d'Etat, le pouvoir tchadien reste détenu par une junte militaire qui n'est pas légitime.
Le comité ad hoc a par ailleurs proposé un mandat de six ans pour le futur président élu, renouvelable une seule fois "sans possibilité de révision".