Tabaski : élever son mouton plutôt que de l'acheter
21 août 2018Trouver un mouton à immoler à l’occasion de l’Aïd-el-Kabir est devenu un véritable casse-tête pour beaucoup de musulmans en Afrique. En effet, le prix des moutons devient quasiment inabordable à cette période de l'année.
Pour éviter de passer l’Aïd-El-Kabir sans immoler un mouton, Moustapha Thioye, qui habite un quartier populaire de Ziguinchor, s’est lancé dans l’élevage de béliers depuis deux ans. Aujourd’hui son élevage s'est développé puisqu'il possède un petit troupeau dans son enclos, situé dans un coin du domicile familial.
"J’élève des moutons pour éviter les pénuries à la veille des fêtes de la Tabaski. Des fois à l'approche des fêtes, on est très angoissé car il y a parfois des pénuries au niveau du daral (champs de foire, ndlr). On ne peut pas trouver de mouton ou bien des moutons qui coûtent trop chers. Il peut arriver qu’on ne soit pas en mesure d’acheter mais si on élève, alors ça peut régler le problème."
Un business fructueux
Iba Guèye, un autre éleveur à domicile, dispose lui aussi depuis quelques années d’un petit enclos dans sa concession. Aujourd’hui ses ambitions ne se limitent plus simplement à s’offrir un mouton de Tabaski, il en a fait un business qui commence à générer des revenus assez substantiels.
"Hier j’étais acheteur, aujourd’hui je suis éleveur et vendeur de moutons. C’est une activité qui est très intéressante, non seulement ça permet de régler nos problèmes de Tabaski, mais aussi de cérémonie et même d’autosuffisance en quelque sorte pour la région. Parce que si on a besoin de la viande, on tue un mouton. Avec ce petit élevage, je gagne plus de 1,5 million de francs CFA avec les moutons nés et grandis ici. En dehors de ça, il y a des fois des appels, des gens qui me sollicitent pour que je leur vende des moutons et je vais dans les loumas (marchés hebdomadaires, ndlr) pour acheter des moutons et les revendre. Et là aussi, si on fait le décompte, cela peut faire entre 10 et 15 moutons par an avec un montant qui peut dépasser deux millions de francs CFA. Donc, globalement, je peux gagner 3,5 millions de francs CFA", se réjouit Iba Guèye.
Le petit élevage commence donc à se développer dans les centres urbains de la Casamance. Mais de nombreux habitants qui veulent s’y lancer sont confrontés à un problème d’espace ou à la cherté des aliments pour le bétail.