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Le massacre de Shakahola pousse le Kenya vers la régulation

Claudia Lacave
16 août 2024

Un nouveau procès vient de s’ouvrir au Kenya pour le pasteur Paul Mackenzie et ses 93 acolytes présumés. Ils sont jugés depuis lundi (12.08.24) à Mombasa pour homicide involontaire.

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Paul Mackenzie à Mombassa
Paul Mackenzie et ses acolytes font face à la justice pour homicide volontaireImage : Halima Gongo/DW

Après le choc de la découverte des centaines de victimes, le gouvernement a mis sur pied un groupe de travail, en mai 2023, pour améliorer le contrôle des Eglises. Elles sont à ce jour plus de 4.000 au Kenya où la population est à 85% chrétienne et où, pour l’instant, il n'existe pas de cadre légal spécifique. 

"Les recommandations du rapport vont d’une nouvelle loi à la création de nouvelles infractions mais aussi au renforcement de l’éducation civique", explique Charles Kamanja, avocat et membre du groupe de travail. 

"On a remarqué qu’un des problèmes était que les gens devaient être sensibilisés sur ce qu’est l’extrémisme religieux. Car il y a beaucoup d’abus de la religion pour exploiter les vulnérables, ce qui inclut les pauvres, des fois les jeunes, les personnes psychologiquement vulnérables, etc." 

Les mesures envisagent la réforme des programmes scolaires et l’éducation populaire à travers les assemblées de villes, les organisations de proximité et les publications officielles. 

Le rapport encourage la création d’une Commission des affaires religieuses pour superviser l’enregistrement des organisations mais l’aspect clé, c’est un modèle hybride de surveillance gouvernementale et d’autorégulation de la part des Eglises. 

Kenya | environs de la fosse commune de Shakahola
Un ancien membre de l'église se dirige vers une tombe peu profonde à Shakahola, à l'extérieur de la ville côtière de Malindi.Image : Yasuyoshi Chiba/AFP/Getty Images

Charles Kamanja, aussi président d’une association chrétienne, recommande de donner plus de pouvoirs aux organisations-cadre du secteur et de renforcer la coordination avec l’Etat. 

"Pour nous, les organisations religieuses fédérant plusieurs églises vont déterminer la question des qualifications requises. Nous voulons aussi que les organisations religieuses définissent un code de conduite. Donc qui le détermine ? Soit les organisations religieuses, soit les organisations fédératrices. Nous voulons aussi qu’ils aient un mécanisme de résolution des conflits internes que les membres de cette organisation religieuse puissent utiliser en cas de problèmes internes."

Mais pour la chercheuse de l’université Egerton de Nairobi, Damaris Parsitau, le clergé et les élites politiques sont en collusion et l’autorégulation est impossible. 

"Comment est-ce qu’elles se régulent elles-mêmes quand elles savent qu’elles ont bénéficié, qu’elles ont tiré profit de leur proximité avec l’Etat pour obtenir tellement."

La chercheuse souligne les relations renforcées entre le chef de l’Etat, ainsi que de son vice-président, avec la religion : leurs épouses respectives sont elles-mêmes pasteurs. Pour la chercheuse, ce gouvernement en particulier est donc incapable d’imposer un contrôle strict aux Eglises.