Au Sénégal, une coalition contre le troisième mandat
17 avril 2023Vingt-quatre heures seulement après sa création, le Mouvement des forces vives du Sénégal, le F24, qui s'oppose à un possible troisième mandat du président Macky Sall, se présente comme un défenseur de la démocratie dans ce pays. Tandis que le camp présidentiel continue à souligner la validité constitutionnelle d'une troisième mandat.
Nouvelle alternative politique
"Zéro mort, zéro blessé, zéro dégât" : c'est le crédo du F24. La nouvelle plateforme dénommée Mouvement des forces vives du Sénégal est porté par 112 organisations de la société civile, des partis politiques et des indépendants.
Son objectif est de s'opposer à une éventuelle candidature du président Macky Sall à l'élection présidentielle de 2024.
Mamadou Mbodj, le coordonnateur du F24, explique à la DW que "cette nouvelle force a été créée pour mobiliser les citoyens sénégalais autour de questions majeures relatives à la défense de la démocratie, au droit des Sénégalais et surtout pour persuader monsieur Macky Sall de ne pas présenter sa candidature à un troisième mandat qui est illégal et illégitime.''
La question de la constitutionnalité
Pour Antou Gueye Samba, coordonnateur dans la ville de Ngor du parti présidentiel l'Alliance pour la République, l'opposition du F24 au troisième mandat de Macky Sall ne se justifie pas. Il invoque pour cela les deux alinéas de l'article 27 de la Constitution sénégalaise, votée en 2016 :
‘'Le premier alinéa dit exactement : le mandat du président de la République est de cinq ans. Le deuxième alinéa dit : Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. Or, juridiquement, on connait la prééminence des alinéas. Dans un article, rappelle Antou Gueye Samba, le premier alinéa est prééminent sur le deuxième. Le deuxième est prééminent sur le troisième, ainsi de suite. Donc dans le deuxième alinéa, quand on dit que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs, il est clair qu'il s'agit de deux mandats consécutifs de cinq ans. Moi je dis, à la limite, ils auraient pu attendre qu'il déclare sa candidature pour février 2024 avant de commencer à s'y opposer.''
Il apparait donc que les partisans de Macky Sall considèrent que la réforme de la Constitution, qui a réduit le mandat présidentiel de sept à cinq ans, remettrait pour ainsi dire "les compteurs à zéro" et permettrait à l'actuel président de faire un nouveau mandat.
Ousmane Sonko
Les organisations de la société civile sont "des organisations indépendantes, à équidistance des partis politiques", fait pour sa part remarquer le coordonnateur du F24, Mamadou Mbodj.
Mais le F24 comprend aussi des partis comme Yéwwi Askan Wi, de l'opposant Ousmane Sonko.
Fatiou (membre du Pastef) estime que la force de l'opposant "est de regrouper des intellectuels. Ce n'est pas un aveu d'échec pour Yéwwi Askan Wi''
Souleymane, du mouvement Frapp, est aussi un militant, membre de la nouvelle coalition. Pour lui, "tout seul, on avance plus vite. Mais ensemble, on avance mieux et plus loin". Il souligne la convergence des aspirations de toutes les organisations regroupées dans le F24.
Le mouvement prévoit une série de manifestations sur l'ensemble du territoire et au sein de la diaspora pour "faire entendre raison" au président Macky Sall et l'amener à renoncer à un troisième mandat.