Staffan de Mistura émissaire pour le Sahara occidental
7 octobre 2021C'est fin août, que ce dossier est soudainement remonté sur le devant de la scène.
Le 24 août, le ministre algérien des Affaires étrangères, annonce la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Alger, soutien du Front Polisario dans la lutte pour l'indépendance du territoire, parle "d'hostilité" de son voisin et utilise les mots "force", et "fermeté".
Un mois plus tard, le 22 septembre, nouvel acte. Il touche cette fois le quotidien des habitants des deux pays et plus seulement la diplomatie. L'Algérie décrète la fermeture de son espace aérien à tous les avions marocains.
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Alger hausse le ton
Moins d'une semaine après, à l'ONU, Alger et Rabat s'affrontent verbalement une nouvelle fois. Le chef de la diplomatie de l'Algérie, Ramtane Lamamra, réclame à la tribune de l'Assemblée générale, le "droit à l'autodétermination" du peuple sahraoui et dénonce "l'intransigeance" du Maroc dans ce dossier.
Un dossier complètement bloqué en fait depuis 1991 et la fin de la guerre entre le Front Polisario et le Maroc.
Officiellement, le Sahara occidental est le seul territoire du continent africain dont le statut postcolonial n'a pas été réglé, dans l'attente d'un référendum d'autodétermination.
Dans les faits, Rabat occupe et contrôle les deux tiers de ce territoire. Le Front Polisario continue de revendiquer son indépendance, soutenu par Alger.
Une patate chaude
Plusieurs émissaires de l'ONU, ont déjà tenté de régler la question mais, sans succès. L'ancien président allemand, Horst Kohler, avait démissionné du poste, il y a plus de deux ans (au printemps 2019).
Depuis, une douzaine de candidats avaient été proposés par le Secrétaire général de l'ONU, tous refusés par les différents acteurs du conflit.
La nomination du diplomate italo-suédois, Staffan de Mistura, pourrait relancer les négociations.
L'homme de 74 ans arrive fort de plusieurs expériences en terrains très compliqués. Il a notamment été l'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie (entre 2014 et 2018) et représentant spécial du secrétaire général de l'ONUen Irak (de 2007 à 2009) et en Afghanistan (de 2010 à 2011).
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Réactions
Le Front Polisario s'est dit dans un communiqué, "impatient de dialoguer" avec le nouvel émissaire "sur la façon dont il compte accomplir sa mission dans le but de permettre au peuple du Sahara occidental d'exercer son droit légitime et inaliénable à l'autodétermination et l'indépendance".
Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est félicité de la nomination du nouvel émissaire. "Nous soutiendrons activement ses efforts pour promouvoir un avenir pacifique et prospère pour le peuple du Sahara occidental et de la région" et pour une "reprise du processus politique", a-t-il dit, sans mentionner la reconnaissance de souveraineté du Maroc sur l'ensemble de ce territoire accordée en 2020 par l'ex-président américain Donald Trump.
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