Restrictions prolongées, stratégie vaccinale critiquée
5 janvier 2021La chancelière Angela Merkel et les ministres présidents des 16 Etats-régions se sont réunis ce mardi par vidéoconférence afin d'étendre le confinement partiel en vigueur. Probablement jusqu'au 31 janvier, alors que la campagne de vaccination ne produira ses premiers effets qu'après l'hiver.
Les commerces à l'exception des magasins d'alimentation, restaurants, bars et lieux culturels devraient ainsi garder portes closes dans les semaines à venir. Les écoles elles aussi devraient rester fermées.
Les périmètres de déplacement autorisé depuis son domicile pourraient aussi être limités à 15 km, une mesure considérée comme radicale en Allemagne.
Habileté des Anglais
Alors que le vaccin Pfizer-BioNTech a déjà été injecté à plus d'un million d'habitants au Royaume-Uni, dans les pays de l’Union européenne, la vaccination prend du retard.
Les autorités britanniques sont en avance sur plusieurs plans : elles ont aussi commandé 100 millions de doses du vaccin d'AstraZeneca-Oxford, moins coûteux, plus facile à stocker et donc plus adapté à une campagne d'immunisation à grande échelle... mais ce vaccin n'est pas encore autorisé au sein de l'UE.
Or le ministre britannique de la Santé Matt Hancock se félicite de ce que "le lancement de ce vaccin constitue un tournant dans le combat contre le virus".
Si la vaccination s'accélère outre-Manche, en France, la polémique enfle sur la lenteur de la campagne entamée il y a huit jours, qui n'a pour le moment concerné que quelques centaines de personnes.
À la date du 4 janvier, seules 516 personnes avaient été vaccinées en France, contre 264.000 en Allemagne. Les partis d’opposition francais, dénoncent "un scandale d'Etat".
Stratégie vaccinale contestée
Mais en Allemagne aussi, les opérations de vaccination se heurtent aux contraintes d'approvisionnement.
En Allemagne, des personnes âgées et des personnels soignants ont été prioritaires dans l'administration des premières doses du vaccin Pfizer-BioNTech.
Mais le gouvernement allemand est accusé de n’avoir privilégié que le seul vaccin Pfizer-BioNTech au détriment de celui de Moderna.
La presse nationale, notamment le quotidien Bild qui est le plus lu d'Allemagne, accuse de son côté les autorités d'avoir trop compté sur l'Union européenne pour s'approvisionner en vaccins. Ce qui serait une erreur stratégique.
Le seuil des 1.000 décès quotidiens a ainsi été franchi pour la première fois le 30 décembre. Environ 1,787 million de cas ont été recensés au total depuis le début de la pandémie, qui a fait plus de 35.000 morts en Allemagne.
Grogne des politiques
À moins de dix mois des élections, les acteurs politiques tentent de saisir la balle au bond. Le vice-chancelier, le social-démocrate Olaf Scholz, a ainsi transmis à son collègue de la Santé, le conservateur Jens Spahn, une liste de questions sur la stratégie vaccinale.
"Pourquoi la Commission européenne a-t-elle commandé à l'avance si peu de doses de vaccin? Et pourquoi certaines parties des doses non-réclamées par l'UE (...) n'ont-elles pas été commandées pour l'Allemagne ?", s’interroge Olaf Scholz, candidat social-démocrate à la succession d'Angela Merkel.
"Il est toujours juste de mon point de vue d'avoir pris et d'emprunter la voie européenne", se justifie de son côté le ministre de la Santé, Jens Spahn, qui promet un approvisionnement suffisant pour tous les Allemands d'ici l'été.
Dans le pays, plusieurs centres de vaccinations, dont celui de Hambourg, le plus grand du pays, entrent en action.
Le gouvernement étudie aussi la possibilité d'étendre au maximum la période entre les deux injections pour permettre la vaccination de davantage de personnes avant la rupture des stocks.