Des jeunes cherchent une place sur la scène reggae
11 mai 2021Une nouvelle génération d'artistes tente aujourd'hui de les succéder. Mais ils ont du mal à gagner la confiance et le soutien des producteurs et des labels. C'est le cas du groupe Kingston Gang Star présent sur la scène reggae ivoirienne depuis 2002.
Anna Stew a rejoint le groupe en 2015. Elle est l'une des rares femmes à chanter dans un groupe de reggae.
"Il y avait des femmes avant, elles avaient peut-être du mal à se montrer, elles avaient peut-être du mal à révéler ce qu'elles avaient au fond du cœur, mais aujourd'hui les femmes disent ce qu'elles veulent", explique la jeune chanteuse.
Malgré leur engagement et leur popularité, les musiciens du reggae peinent à vivre de leur art. Pour un concert, le Kingston Gang Star est parfois payé à 45 euros par musicien.
L'enregistrement d'un album est donc un grand rêve pour le groupe. Cela peut coûter de 3 000 à 10 000 euros. Garder sa voie n'est pas non plus une évidence, souligne le Reggaeman Kajeem.
"Le reggae n'est vraiment pas une musique pour flatter l'égo des uns et des autres. C'est plutôt une musique pour dire ce qui ne va pas, pour mettre le doigt là où ça fait mal. Vu sous cet angle, on est un peu dans le collimateur de tous ceux qui ont les moyens."
Le groupe Kingston Gang Star travaille sur son album depuis quatre ans. Un album qu’ils autofinancent entièrement en payant l’écriture des chansons, les musiciens et la réservation des studios.
"Je n'aimerais pas que les jeunes veuillent s'installer dans une sorte de bourgeoisie reggae qui n'existe pas. Il ne faut pas qu'ils se trompent. Le reggae a toujours été une musique de débrouille, a toujours été une musique de gens qui font avec ce qu'ils ont", ajoute Kajeem.
Certains artistes de la scène reggae ont cependant réussi à s’imposer au niveau national et international et sont devenus des icônes de la musique reggae. L’une des stars du reggae en Côte d'Ivoire est Tiken Jah Facoly. Il a commencé sa carrière en 1991, dans le nord de la Côte d'Ivoire, sans radio ni télévision. Il a été récompensé par quatre disques d'or et est connu pour ses chansons engagées, en Afrique et sur d'autres continents.
"Il faut garder espoir, il n'y a aucune raison, quelqu'un peut faire un disque tout de suite. Vous pouvez avoir un tube et les radios ivoiriennes ou françaises seront obligées de le passer, parce que le tube est bon, parce que tout le monde le chante. Ça peut arriver. Je pense vraiment que le reggae n'est pas fini", assure Tiken Jah Fakoly.
Certains musiciens souhaitent revenir à l'essentiel : la foi rastafari.
L'association "Les bras valides" a été lancée pour rassembler les rastas de Côte d'Ivoire. Le rastafarisme voue un culte à Dieu - ou le Jah - et aspire à la conscience politique et à l'unité africaine. Il est l'une des racines de la musique reggae.
"Il me permet de transmettre mon message, de dire des vérités que les autres ne peuvent pas dire, d'aller dire des mots que les autres ne peuvent pas dire. C'est le rastafarisme qui me donne cette force."
C'est une chose que la chanteuse Anna, et tous les artistes reggae ont en commun. Ils espèrent que le Reggae continuera à briller en Côte d'Ivoire.