L’Ouganda a-t-il annexé une partie du territoire de la RDC ?
4 octobre 2023Des faits pour le moment difficiles à vérifier, la zone en question se trouvant sous l’occupation des rebelles du M23. C’est pourquoi fin septembre, un député national de la circonscription de Walikale, dans le Nord-Kivu, Juvénal Munubo, a décidé de poser une question orale au ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula à l’Assemblée nationale.
Il s’agit d’une « menace à prendre au sérieux » pour Juvénal Munubo.
"Il y a des témoignages qui viennent de la base, ainsi que des photos des bornes posées qui nous ont été envoyées. Ce sont des éléments, pas encore suffisants, mais des éléments qui permettent de mener une investigation sur le plan politique en invitant le ministre des Affaires étrangères pour savoir ce qu’il en pense. Est-ce qu’il confirme ? Est-ce que le gouvernement confirme ?", s’est interrogé le député national.
Le gouvernement s’était saisi de la question
Lors d’un point presse donné à Lubumbashi, le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, a assuré que le gouvernement s’était saisi de la question et que le levier diplomatique avait pour le moment été actionné, afin d’obtenir de plus amples informations de la part du voisin ougandais.
Mais l'information est bien réelle, selon Patient Twizere, président du conseil territorial de la jeunesse du territoire de Rutshuru qui témoigne que, les 23 et 24 septembre, des voitures venues d’Ouganda remplies de sable ont fixé de nouvelles bornes dans le village de Mungo, proche du poste-frontière de Bunagana, aujourd’hui tenu par le M23.
"Ils ont fixé de nouvelles bornes. Et pour le moment, notre population a des difficultés pour cultiver dans leur champ, car c’est désormais une entité ougandaise", a-t-il expliqué.
Le phénomène n’est pas nouveau
Pour Henry-Pacifique Mayala, coordinateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, le KST, le phénomène n’est pas nouveau. Des Ougandais venaient depuis un certain temps cultiver des terres louées sur le sol congolais. Mais le fait que la zone échappe désormais au contrôle de l’Etat est d’autant plus alarmant.
"Déjà qu’avec l’absence de l’Etat, c’était un commerce qui n’était pas régulé. Et aujourd’hui, (c’est pire) avec la venue d’un acteur qui n’est pas légitime. Cela est alarmant que les Ougandais qui ont acheté la terre commencent à construire, notamment avec l’import de matériaux de construction de l’Ouganda", a déclaré Henry-Pacifique Mayala.
Pour le moment, le gouvernement ougandais, à notre connaissance, ne s'est pas exprimé sur le sujet.