RDC : des familles de victimes du Merdi réclament justice
10 octobre 2024Le gouvernement congolais a dépêché des équipes sur place pour gérer les secours et les indemnisations, mais seuls les proches des victimes déjà identifiées en ont bénéficié, laissant des centaines de familles dans l'attente et la détresse. À Goma, les voix des familles s'élèvent pour réclamer justice, dignité et une reconnaissance nationale de cette tragédie.
Un système d'indemnisation qui suscite la colère
Amos Paluku a déjà parcouru les morgues de la ville de Goma, espérant trouver sur les panneaux d'affichage une photo de sa fille, Neema Sikuli, ou encore son nom. Aujourd'hui, il se tient devant la morgue de l'hôpital provincial de Goma, son dernier espoir, mais il semble que sa fille ne s'y trouve pas.
"Je suis ici pour voir si ma fille est là. Mais son corps n'est pas ici. Nous avons passé les images en revue, mais elle n'y est pas" explique Amos Paluku.
Il fait partie des nombreuses personnes dont les proches sont toujours coincés dans l'épave du Merdi, engloutie dans le lac Kivu, saturé de gaz méthane.
Le gouvernement congolais, 48 heures après le naufrage du Merdi, a dépêché une délégation à Goma, avec à sa tête le ministre national des affaires sociales, pour organiser des recherches et des actions humanitaires. Mais ces actions n'ont bénéficié qu'aux familles dont les corps des proches ont été repêchés des eaux.
Cette situation provoque révolte et colère parmi les familles qui n'ont pas encore retrouvé les leurs.
Incertitudes et souhait d'un enterrement digne
Gervais Hamuli, qui n'a pas retrouvé ses deux frères noyés, souhaite qu'il y ait plus de considération à l'endroit de ceux qui "n'ont pas trouvé les leurs ". Selon lui il faudrait "prendre tout le monde sur le même pied d'égalité" et ne pas soutenir que les proches des victimes "qui sont dans la morgue, et laisser les autres qui n'ont pas vu les leurs". Il craint toutefois que toutes les démarches qu'ils sont en "train de faire n'aboutiront à rien".
L'incertitude demeure autour du nombre exact des victimes. En l'absence apparente d'un manifeste pour cette embarcation, le collectif des familles des victimes exige que le gouvernement commence par retirer l'épave du Merdi des eaux du lac Kivu.
Néhémie Habajuwe Bahati, porte-parole des victimes, insiste sur le fait que "premièrement il faut que le bateau qui est logé sous les eaux et qui coince plus de 500 personnes soit d'abord retiré, et que les corps, même si dégradés soient retirés, et qu'on puisse faire un enterrement commun, et qui soit digne".
Les familles des victimes demandent également au gouvernement de faire du 3 octobre une journée mémorielle, en hommage à ces vies englouties dans le lac Kivu.