À Mugunga, la responsabilité de l’armée aussi mise en cause
31 mai 2024Avant ce drame, les ONG, ainsi que la population sur place étaient inquiètes. Pour cause, l’armée congolaise (FARDC) a installé des pièces d’artillerie à proximité des sites de déplacés et de zones d’habitation, mettant ainsi la vie des civils en danger selon elles.
Paul-Bienvenu Bujiriri est président de la société civile du quartier de Mugunga, à l’ouest de Goma. Le 3 mai dernier, plusieurs dizaines de personnes y sont mortes après un bombardement des rebelles du M23. Et malheureusement, ce n’était pas la première fois et Paul-Bienvenu Bujiriri pointe aussi du doigt la responsabilité de l’armée.
"Le quartier Mugunga est pris pour cible, car l’artillerie des FARDC entoure l’endroit, notamment les sites de déplacés. L’artillerie est à quelques mètres à peine. Et lorsque les rebelles du M23 attaquent, ils larguent des obus vers Mugunga pour viser l’artillerie et les positions des FARDC", a expliqué Paul-Bienvenu Bujiriri
Ce n’était pas faute d’avoir prévenu. En tout, le chef de la société civile a dénombré 19 obus tombés dans son quartier depuis le 3 février dernier, ayant fait une quarantaine de morts.
D’autres localités en danger
Le phénomène n’est pas circonscrit au quartier Mugunga. A Mweso ou encore à Minova, Médecins sans frontières a constaté une augmentation inquiétante du nombre de blessés par éclats d’obus.
"On a constaté que, depuis le début de l’année, le nombre de blessés a vraiment augmenté en comparaison à l’année dernière. Et ce que l’on voit, c’est que les civils ne sont pas épargnés", a déclaré Natàlia Torrent, cheffe de mission de l’ONG à Goma.
À Mweso, les équipes de Médecins sans frontières ont réceptionné 279 traumatisés de guerre entre janvier et mai. Quant à Minova, près de 260 personnes avec ce type de blessure ont été accueillies à l’hôpital, entre février et mai
"Le message qu’on passe à tout le monde, c’est de demander que les deux parties au conflit respectent le droit humanitaire international et surtout que les civils ne soient pas pris à partie", a demandé Natàlia Torrent au regard de ces chiffres.
Contactée, l’armée congolaise n’a pas souhaité répondre à nos questions. Mais selon une source sécuritaire, la position des pièces d’artillerie proche des installations civiles relèverait de la contrainte plus que de la stratégie.
En effet, le champ d’opération autour de Goma s’est terriblement rétréci depuis février et l’offensive du M23 sur la ville de Saké.
Seule bonne nouvelle jusqu’à présent : les pièces d’artillerie, qui se trouvaient directement dans les sites de déplacés, ont au moins été déménagées.