RDC : le franc congolais dévalué à la veille des élections
14 décembre 2023Dernières courses avant le dîner. Sur le marché Lumumba, au cœur de la commune de Bandalugwa, les Kinois se hâtent pour acheter des poissons et morceaux de viande frais avant que les étals ne soient pliés.
Sauf que depuis quelques mois, il est devenu difficile de remplir le panier tant les prix ont augmenté. Alors qu’un dollar s’échangeait contre 2.000 francs congolais il y a un an, le taux actuel est de 2.650 pour un dollar aujourd’hui et depuis, Rosette Kungi, poissonnière, a du mal à se faire des marges sur sa marchandise.
"Le prix en francs ne cesse de grimper. Aujourd’hui, dix dollars valent 27.000 ou 28.000 francs congolais, bientôt ça sera 30.000 francs congolais. Autrefois, le carton de poisson coûtait 15 dollars, mais aujourd’hui ça coûte 80 dollars".
Forte inflation
Selon les projections du gouvernement congolais, l’inflation atteindrait les 22,6% pour l’année 2023 alors qu’elle était de 9,2% en 2022.
Une augmentation des prix qui complique la tâche de Bénie Amba. Elle qui achète des légumes en dollars a souvent du mal à fixer ses prix.
"Un sac de haricots, on l’achète en dollars, mais nous le vendons en franc congolais. Si nous voulons aller l’acheter la prochaine fois, il faudra trouver un moyen d’acheter le dollar moins cher pour nous faciliter l’achat. Ce dollar nous complique la vie".
Introduite dans les années 1990 par le maréchal Mobutu Sese Seko, puis consacrée par les présidents Kabila père et fils, la devise étrangère est aujourd’hui la principale monnaie commerciale en République démocratique du Congo.
La plupart des biens étant importés, le pays n’a pas échappé à l’augmentation des cours du blé et d’autres denrées, notamment causée par la guerre en Ukraine.
Le gouvernement reconnaît
Ce que reconnaît Nicolas Kazadi, ministre des Finances.
"Si nous produisions en franc congolais, si nous réfléchissions en franc congolais, nous n’aurions pas subi l’impact du taux de change".
Mais la loi de l’offre et de la demande est sans pitié, comme l’explique l’économiste Al Kitenge que nous avons joint par écrans interposés.
"Les produits étant importés, les gens ont besoin de devises pour les importer. Mais quand ils viennent chercher des devises sur le marché, la demande est tellement grande que le franc congolais perd de la valeur, puisque les gens sont prêts à payer plus pour avoir ces devises et réaliser ces importations".
Pour stabiliser la monnaie nationale et stopper l’inflation, la Banque centrale a injecté, en juillet dernier, une somme de 150 millions de dollars auprès des banques commerciales. Une mesure efficace, sur le court terme seulement.