Des condamnations suite au massacre du 30 août à Goma
10 octobre 2023Si des condamnations ont été prononcées, le verdict ne satisfait pas de nombreux habitants du Nord-Kivu qui estiment que les victimes ont été transformés en bourreaux.
Le juge du tribunal militaire a prononcé la peine de mort contre le leader de la secte Wazalendo Ephraïm Bisimwa et sept autres de ses coaccusés. Des dizaines d'autres prévenus ont aussi écopé d'une peine variant entre 10 et 20 ans de servitude pénale à la grande surprise de Espoir Ngalukiye un défenseur des droits humains et ancien militant de la Lucha.
Selon lui "la justice qui devait être rendue au nom du peuple congolais, vient malheureusement d'être rendue contre le peuple congolais". Il déplore notamment le fait que "les victimes du carnage sont aujourd'hui considérées au même titre que les bourreaux, et malheureusement tous ceux qui dirigeaient cette opération de triste mémoire, n'ont jamais été condamnés, notamment le gouverneur militaire Constant Ndima".
Espoir Ngalukiye explique par ailleurs qu'il s'attendait à ce que le général Constant Ndima soit condamné à mort mais déplore que " malheureusement on a renversé la tendance."
Un verdict contesté
Les familles des prévenus qui disaient s'attendre à une réparation des dommages, espèrent que le gouvernement central pourra intervenir pour que ces personnes, "innocemment condamnées" soient libérées.
"La cour militaire nous a surpris en condamnant les innocents. Nous ne nous attendions pas à ce que nos gens soient condamnés. Et c'est pour cela que nous demandons à notre gouvernement de s'impliquer, pour voir comment tous ces innocents peuvent être libérés" explique pour sa part Janvier Balume un membre de la famille d'un des prévenus.
Selon le juriste Dieumerci Safari, la justice a exactement effectué son travail même si le jugement est dénoncé par de nombreux habitants de la région.
"Le juge a fait son travail se référant aux textes de la République. Le juge a dit la loi, même si le jugement n'est pas le bienvenu dans la société, parce que la société estime que comme parmi les condamnés il y a aussi des victimes, ce ne sont pas des lourdes peines qui devraient être prononcées comme cela a été le cas" précise le juriste.
Le 30 août à Goma, des forces de l'ordre avaient réprimé violemment une manifestation des adeptes de la secte la Foi naturelle judaïque messianique vers les Nations, qui se font appeler aussi "Wazalendo".
Plus de 50 personnes avaient trouvé la mort, plus de 50 autres blessées. Un massacre qui avait indigné tout le pays.