RDC : quel bilan pour le gouvernement Sama Lukonde ?
3 mai 2022Au niveau de la gouvernance électorale, à une année des prochaines élections, on reproche au gouvernement congolais le manque de consensus. S’agissant du secteur sécuritaire, le 6 mai prochain, cela fera une année que l’état de siège a été décrété pour endiguer la violence dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri. Dans ce domaine aussi il reste encore de nombreux chantiers en cours, comme le précise Trésor Kibangula, analyste politique à Ebuteli, partenaire de recherche du GEC en République démocratique du Congo dans cet entretien qu'il nous a accordé.
DW: Le 26 avril, le gouvernement Sama Lukonde a totalisé, une année depuis sa prise de fonction. "Talatala" un projet du groupe d’études sur le Congo (GEC) a pris le soin d’évaluer les différentes promesses faites par ce gouvernement. Que pouvez vous nous dire de ses réalisations au niveau de la gouvernance électorale ?
Trésor Kibangula: Effectivement, il y a eu beaucoup de promesses, c’est un programme du gouvernement très ambitieux que le premier ministre Sama Lukonde avait présenté lors de son investiture en 2021. En ce qui concerne la gouvernance électorale, il y a au moins cinq engagements principaux qui sont encore en cours. Cela illustre en fait la situation globale de ce que ce gouvernement de "Warriors" est en train de faire. Il y a eu beaucoup d'action, un programme ambitieux, mais l'exécution ou la mise en œuvre de ces engagements se fait vraiment à compte goutte.
DW : A une année des prochaines élections en République démocratique du Congo, on parle beaucoup de la réforme de la loi électorale. À votre niveau, est ce que vous avez pu analyser ce qui a été proposé? Est ce que cela vous semble réalisable? Ou est-ce cela risque d'être rangé dans le tiroir des promesses non tenues?
Trésor Kibangula: Encore une fois, il faut distinguer deux choses quand on parle des élections. Lorsque le gouvernement Sama arrive, le débat autour de la réforme de la CENI est déjà engagé. On ne peut pas aujourd'hui tenir responsable le gouvernement Sama de ce qui s'est passé avec la CENI. On sait qu'une modification controversée de la loi sur la CENI a été adoptée et promulguée. Cela s’est vraiment passé au moment où le gouvernement Sama arrivait et les gens ont demandé plus de consensus. C'est sur ce point que le gouvernement Sama est comptable à propos du consensus et sur ce qui allait arriver après. Le gouvernement s’est formé fin avril 2020 et lorsqu'il arrive il promet des concertations politiques ad hoc avec les parties prenantes au processus électoral. Mais aujourd'hui, on constate qu'une année plus tard, le gouvernement Sama n'a pas pu organiser ce consensus, même si le Parlement ou l'Assemblée nationale a accepté d'aligner la proposition de loi modifiant la loi électorale. Maintenant la balle est dans le camp de l'Assemblée nationale où le débat a commencé.
DW : Le 06 mai, cela va faire une année que l'état de siège a été décrété dans l'est de la RDC pour endiguer le cycle de violence qui sévit dans cette partie du pays. Au niveau des promesses qui ont été faites, avez-vous l'impression qu'on se rapproche tout doucement du retour d'une paix durable?
Trésor Kibangula : en arrivant aux affaires, le gouvernement Sama a promis de proclamer l'état d'urgence dans les zones en proie à l'instabilité et aux conflits. Cela a été fait. Maintenant, la question qui se pose c’est surtout sur l'opportunité ou l'efficacité de cette mesure. Et dans cette partie du pays, on a constaté depuis un an qu'il n'y a pas eu suffisamment d'opérations militaires pour traquer ou combattre les différents groupes armés qui y sont actifs.
DW : Sur une échelle de 1 à 10, si vous deviez évaluer les promesses et réalisations du gouvernement Sama Lukonde, où placeriez vous le curseur ?
Trésor Kibangula : il est très difficile de l’évaluer de manière définitive. Le gouvernement Sama n’est qu’à une année seulement de son investiture. Donc, ce ne serait pas honnête de l'évaluer sur une année. Cependant, on sait qu’il a présenté un programme très ambitieux et aujourd'hui, beaucoup de promesses qui ont été mises sur la table ne sont pas réalisées.