RDC: Ebola franchit le cap des 800 morts
15 avril 2019Et même si 371 malades ont pu être guéris, les autorités ne parviennent pas au bout de l’épidémie dans le Nord-Kivu et l’Ituri, deux régions de l’est du pays.
Jamais encore la République démocratique du Congo n’avait connu plus grave épidémie d’Ebola. Fin mars, le taux de nouvelles contaminations était deux fois plus élevé que les semaines précédentes, d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui suit l’évolution de la maladie de près, comme plusieurs ONG présentes sur le terrain. Sevim Tuglaci travaille pour Médecins Sans Frontières. Elle regrette que les personnes infectées soient réticentes à se faire soigner. "J’ai travaillé à Katwa dans un centre de traitement anti-Ebola. Bien que Katwa fasse partie des zones les plus touchées, nous n’avions pas grand monde, à cause de la défiance des gens. Ils vont dans les centres de santé qu’ils connaissent mais n’aiment pas venir dans les centres anti-Ebola," souligne Mme Tuglaci.
Selon Sevim Tuglaci, les traitements effraient: les malades doivent enfiler des combinaisons jaunes, ils sont placés en quarantaine, beaucoup arrivent trop tard au centre et meurent sur place. Les familles ne comprennent pas pourquoi elles ne peuvent pas enterrer leurs morts en respectant la tradition.
A Katwa, Butembo et Bunia, plusieurs centres de traitement ont d’ailleurs été attaqués. MSF a décidé de se retirer de ces trois localités. La décision de la Ceni de ne pas laisser voter Beni et Butembo en même temps que le reste du pays à la présidentielle, officiellement à cause d’Ebola, a ajouté à la confusion. D’autant que les législatives ont été maintenues. Cet habitant de Beni confirme :"Nous sommes persuadés que c’était une manœuvre politique du président Kabila pour battre son rival, Martin Fayulu, qui est très apprécié ici dans l’est."
L’Organisation mondiale de la santé veut renforcer sa présence dans les villages pour que ses employés puissent faire passer le message de la prévention aux chefs, individuellement, afin qu’ils le répercutent à leurs concitoyens.
Cela peut prendre encore six mois, estime Christian Lindmeier, porte-parole de l’OMS. Mais les campagnes de vaccinations sont très efficaces. "Le vaccin a une efficacité de plus de 90%." Les moyens techniques sont "excellents“, dit-il. Mais pour vaincre Ebola, il faudra aussi des moyens financiers, et que les pays donateurs viennent en aide aux structures qui luttent contre la maladie.