De nouveaux massacres attribués aux ADF à Oicha en RDC
24 octobre 2023C'est vers 22 heures, heure locale, que les assaillants ont surpris les victimes dans leurs maisons. Douze enfants figurent parmi les victimes de l'attaque qui a provoqué des manifestations de colère dans la ville d'Oicha.
Tôt le mardi la nouvelle de ces tueries s'est diffusée dans toute la région. Les corps des victimes gisaient encore au sol. Les assassins se sont servis d'armes blanches pour les exécuter.
Choc et colère
La plupart des victimes ont été surprises dans leur maison en plein sommeil. Au cours de cette attaque, plusieurs personnes ont aussi été prises en otage. Il y a également plusieurs blessés.
Neema Masika a perdu cinq membres de sa famille."Ils sont arrivés et ont commencé à nous obliger d'ouvrir les portes de nos maisons. Ici, chez ma petite sœur, ils ont tué trois enfants. Les corps des enfants viennent d'être amenés à la morgue. Il y a une fille de douze ans, une autre de dix ans et un garçon de six ans, tous tués dans la même maison. Ma belle-sœur avait un bébé au dos, tous deux demeurent introuvables" témoigne ainsi Neema de l'horreur vécue la nuit dernière.
La colère de la population s'est accrue à chaque découverte de corps. Au total, 26 personnes dont douze enfants ont été tuées à la machette. Des bébés ont été assassinés, les uns au dos et les autres sur le ventre de leur mère.
Des manifestations de colère ont ainsi éclaté dans la ville. Selon Papy Kasayi, président de la jeunesse d'Oicha "il y avait une vive tension, la population voulait transporter les corps des victimes à la morgue sur des brancards. Malheureusement, la police n'a pas voulu que cela soit fait de cette manière".
Victime collatérale
Selon toujours toujours Papy Kasayi, la police "est intervenue et a récupéré tous les corps et c'est cette situation qui a fait que les jeunes en colère s'attaquent aux véhicules et aux installations des ONG en pleine distribution de vivres aux déplacés internes vivant à Oicha".
Cinq véhicules contenant de l'aide humanitaire ont été ainsi brûlés. Le Programme alimentaire mondial distribuait, depuis environ un mois, de l'aide humanitaire à au moins 107.000 familles de déplacés qui ont fui les attaques des rebelles des ADF.
"Nous avons été délaissés par les autorités qui auraient pu prendre des mesures pour sécuriser ce site de distribution. La nourriture que nous avons amenée c'est pour les déplacés. Il y avait des céréales, de l'huile végétale, des haricots. Des dizaines de tonnes calcinées. C'était vraiment de la colère" explique à la DW le chauffeur de l'un des véhicules brûlés. Il a assisté, impuissant, à la destruction d'une importante quantité de vivres.
La région de Beni, au Nord-Kivu, est depuis plusieurs années sous menace des ADF, une rébellion d'origine ougandaise. Récemment, ces rebelles ont aussi perpétré des attaques sur le sol ougandais.
Il y a environ un an, la République démocratique du Congo et l'Ouganda ont mutualisé leurs forces afin de combattre les ADF, mais les massacres de civils se poursuivent.