RDC: vers une meilleure connaissance des ADF?
15 décembre 2021Parmi les noms à retenir, il y a Musa Seka Baluku. Issu de la première génération des ADF, il aurait mis en place un réseau d’autofinancement de la rébellion qu’il gère notamment grâce à des activités comme le commerce du bois entre la RDC, l’Ouganda et le Kenya.
Il y a aussi Nasser Abdu Hamid Diiru, le chef des opérations de combat des ADF depuis 2014.
Radio Okapi précise détenir ses informations de sources militaires. Outre les noms des responsables des ADF désormais connus, pour Kristof Titeca, professeur à l’Université d’Anvers en Belgique, l’une des questions fondamentales reste aujourd’hui, la compréhension des liens entre les ADF et des groupes extérieurs.
"Le leadership des ADF a été documenté dans le passé par des rapports du groupe d’experts des Nations Unies, du Congo Research Groupe et d’autres organisations mais cela ne change rien au fait qu’on sait relativement peu de chose sur le fonctionnement interne du groupe rebelle ADF. On devrait en savoir beaucoup plus par exemple sur les liens entre les ADF et l’Etat islamique ou par exemple le rôle des ADF basés en RDC dans les récentes attaques en Ouganda", souligne le professeur.
Liens avec l’état islamique
Le 16 novembre dernier, la capitale ougandaise a été frappée par un double attentat-suicide, mené par un groupe extrémiste local lié aux ADF.
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Implantés depuis 1995 en RDC, les ADF sont considérés comme le plus meurtrier des groupes armés qui sévissant dans l'est du pays et responsables du massacre de milliers de civils.
Cependant, depuis leur arrivée en RDC, les ADF ont beaucoup changé précise le professeur Titeca qui cite de nombreux facteurs qui y ont contribué.
"Pendant longtemps, l’ADF a été de facto déconnecté de la dynamique politique en Ouganda mais au fil des années, d’autres éléments sont apparus. Ces derniers ont eu un impact important sur les ADF, il y a eu des actions militaires, il y a eu l’arrestation de son leader Jamil Mukulu, il y a eu Musa Baluku qui a été mis en place comme nouveau leader et il y a aussi son lien avec le groupe Etat islamique".
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Risques de représailles contre les populations
Depuis le 30 novembre, les armées congolaise et ougandaise mènent des opérations conjointes. Elles auraient déjà capturé une trentaine de "terroristes" et libéré autant d'otages congolais.
Pierre Boisselet, le coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, n'exclut pas qu'il y ait des représailles sur les civils.
"Ce qu’on peut craindre c’est que les ADF mènent de nouveaux massacres contre des civils en réaction à cette intervention. On sait que par le passé, cela a fréquemment été leur réaction suite à des opérations militaires contre eux. On a vu ça notamment en fin 2019 après les opérations de grande envergure. Les massacres ne se sont pas immédiatement multipliés jusqu’à maintenant. Il est possible que les ADF soient pour l’instant en train de se réorganiser. Mais il y a eu déjà un certain nombre de massacres sur l’axe Erengeti-Komanda et aussi près de Mangina, la frontière entre les territoires de Béni et Mambassa",précise Pierre Boisselet. Le coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, n'exclut pas qu'il y ait des représailles sur les civils.
Dans son discours à la nation en début de semaine [13.12.21], le président Felix Tshisekedi s'est engagé à veiller à ce que l'armée ougandaise ne reste dans le pays que "le temps nécessaire" pour la lutte contre les rebelles ADF.
Le président congolais a affirmé sa détermination à ne ménager aucun effort pour restaurer la paix et la sécurité dans l'est du pays.