RCA: les casques bleus de la Minusca sont sous pression
22 juin 2018Selon Parfait Onanga-Ayanga, " les menaces contre le personnel du maintien de la paix vont crescendo. Militaires, policiers et civils constituent des cibles pour les groupes armés et les gangs criminels, aussi bien dans la capitale qu’à l’intérieur du pays ". Cette situation est exacerbée selon lui par la recrudescence des attaques rebelles. " Dans un pays, où l’État est largement défaillant, les groupes armés et les factions continuent d’exercer une influence négative sur de vastes parties du territoire national, notamment à l’est, au centre et au nord-ouest du pays " a regretté Parfait Onanga-Ayanga pour qui " la situation sécuritaire volatile et les affrontements récurrents entre les groupes armés continuent d’affecter négativement le processus politique ".
" Quatre casques bleus tués et plus d'une cinquantaine blessés. Ce n'est pas un aveu d'impuissance. C'est une façon de dire que la Minusca reste engagée et qu'elle continuera à travailler et qu'elle compte sur le soutien du Conseil de sécurité", affirme pour sa part le porte-parole de la MINUSCA, Vladimir Monteiro.
Soutien de Bangui
Selon la ministre de la Défense nationale et de la Reconstruction de l'Armée de la Centrafrique, " la présence de la Minusca nous permet d'assurer la protection de la population et de garantir la sécurité dans le pays. D'ailleurs, ces derniers temps, nous avons travaillé sur un dossier de déploiement conjoint où la MINUSCA et les forces de défense et de sécurité centrafricaines travaillent ensemble sur le terrain ".
Décrivant la situation sécuritaire dans le pays, Marie-Noëlle Koyara rappelle que la Centrafrique est sous embargo et que " les groupes rebelles ne font que s'armer. La MINSUCA est venue pour amener la paix dans le pays et non pour faire la guerre. "
Utilité de la Minusca
En séjour dans le pays, la sous-secrétaire des Nations unies, chargée des opérations de maintien de la paix, a réitéré l’importance de la présence de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique depuis le 10 avril 2014.
" La MINUSCA, depuis qu'elle a été installée, a fait une très grande contribution pour la stabilisation dans le pays. Il y a des défis parce que l'attente populaire est que les forces de la Minusca peuvent remplacer l'intégralité de toutes les forces qui existaient dans le pays et ça ce n'est pas possible ", a expliqué Bintou Keita sur des propos recueillis à Bangui par le correspondant de la DW Jeff Murphy Barès.
Renforcement des effectifs
Face à la dégradation de la situation, le président centrafricain a, en septembre 2017 plaidé pour une redynamisation des forces de la mission de l’ONU dans son pays. Fin 2017, le Conseil de sécurité avait approuvé un renforcement de 900 hommes, pour un effectif général qui doit atteindre 12 000 militaires et policiers.
À en croire Bintou Keita, 540 Casques bleus rwandais ont déjà été déployés. 210 Népalais sont attendus d’ici à la fin du mois de juin et 390 autres militaires sont attendus en octobre de cette même année 2018.
Lourd fardeau
Dans un récent rapport, le secrétaire général de l’ONU, a indiqué que " la Minusca ne peut à elle seule assurer le fardeau de la sécurité en Centrafrique. La responsabilité première en revient au gouvernement ", insiste Antonio Guterres qui presse les autorités centrafricaines à mettre sur pied une armée nationale représentant toutes les sensibilités du pays.
Médiation
Pour espérer convaincre les groupes armés qui écument au moins 80% du territoire national à déposer les armes, l’Union africaine a initié une médiation. L’équipe a rencontré à plusieurs reprises les principaux responsables des mouvements armés.
L’ambassadeur français à l’ONU François Delattre estime quant à lui que les groupes armés centrafricains " doivent déposer les armes et s’engager sans délai et sans condition dans le processus de paix ". En cas de résistance, le diplomate français préconise la prise de sanctions contre ceux qui entravent le retour à la paix.