Réactions à la condamnation de Joël Aïvo au Bénin
7 décembre 2021L’opposant et universitaire béninois a été reconnu coupable de "complot contre l'autorité de l'Etat" et "blanchiment de capitaux" et comparaissait devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
Eugène Azatassou est vice-président du parti "Les Démocrates", de l’ancien président Yayi Boni. Pour lui, à travers ce verdict, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) confirme une nouvelle fois qu’elle n'est qu'un instrument au service du pouvoir en place.
"L'impression que j'avais de la Criet est malheureusement confirmée. C'est une cour d'exception aux mains du pouvoir pour écarter les opposants, les juger, les emprisonner ou les pousser à l'exil. Je ne vois pas en quoi Joël Aïvo a pêché", affirme l'opposant.
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La crédibilité de la justice en jeu
Autre réaction : celle de Joël Ataï Guèdègbé, expert en gouvernance. Celui-ci veut toujours croire en l’indépendance de la justice même s’il dit regretter le verdict prononcé par la Criet.
"Je ne connais pas le fond de l'affaire mais, il faut que la défense puisse avoir tous ses droits. Il y a lieu de s'inquiéter d'une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Si nous sommes dans un procès équitable, chacun devra pouvoir répondre de ses actes. Mais, si les accusations sont fallacieuses, cela serait dommageable pour l'image de la démocratie au Bénin", dit Joël Ataï Guèdègbé.
Deux militaires, Issiakou Boni Sarè et Moudjaïdou Ibrahim Bachabi, ont aussi été condamnés à dix ans de réclusion criminelle.
Le devoir d'unité
Eugène Azatassou, du parti "Les Démocrates", estime par ailleurs, que face aux menaces qui pèsent sur le Bénin et surtout la menace terroriste, il importe de ne pas fragiliser l'unité nationale à travers ce genre de procès.
"Avec tout ce qui se passe dans la sous-région avec le terrorisme, j'ai pensé que le pouvoir allait poser des actes pour rallier tout le monde pour mener ce combat. Mais ce pouvoir est dans sa logique de caporaliser la justice et d'abattre les opposants", dit-il.
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Joël Aïvo, professeur de droit, avait vu sa candidature rejetée à la présidentielle d'avril 2021. Il avait été arrêté le 15 avril à Porto-Novo, au lendemain de l'annonce de la réélection du président Patrice Talon.
Il comparaissait devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), un tribunal spécial créé en 2016.
Vendredi (10.12.2021), ce sera au tour de l’opposante Reckya Madougou d'être jugée par la Criet. Elle est accusée de terrorisme et sa candidature à la présidentielle avait également été rejetée.
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