Quitter la CPI, une honte pour l'Afrique ?
8 octobre 2013Nombreux sont les pays membres de l'Union africaine qui contestent cette organisation judiciaire. L'union africaine veut examiner ses relations avec la CPI lors d'un sommet spécial qui aura lieu vendredi prochain.
Risque d'exclusion
Koffi Annan pense que cet examen mettrait en marge les pays africains. D'ailleurs, il rejette l'accusation selon laquelle la CPI s'acharne sur les dirigeants du continent. Pour lui, la CPI s'en prend à la culture de l'impunité et à leurs auteurs et non pas à l'Afrique. De ce fait, peut-on dire que Koffi Annan embouche la trompette des pro-CPI ? Voici l'avis du politologue camerounais, Vincent Ebodé :
« Ayant travaillé dans le système des Nations Unies, je ne pense pas qu'il défende les pays occidentaux. Je pense tout simplement qu'il pense qu'il doit y avoir une étape intermédiaire qui pourrait être la diplomatie pour aboutir à une amélioration de l'équité dans la répartition des décisions de la CPI. »
La CPI, « épée de Damoclès »
Pour Koffi Annan, le fait que certains pays africains veuillent se retirer de la CPI est démesuré. Toutefois, le politologue Vincent Ebodé reconnaît que l'attitude de l'Union africaine, entre autres, se justifie par le procès en cours contre le vice-président kényan William Ruto, et celui à venir du président kényan Uhuru Kenyatta. Mais selon Clément Abaifouta, président de l'association des victimes de Hissène Habré au Tchad, ce retrait serait une erreur :
« L'Afrique constitue le terrain des grandes violations des droits de l'homme. Et il se peut que les chefs d'état africains pensent qu'ils sont les représentants de Dieu. Ils tuent comme ils veulent. Ils pillent comme ils veulent. Ils violent tous les principes sacro-saints. Moi je me dis que ce serait un très mauvais départ pour les pays africains de dire qu'ils se retirent de la CPI parce qu'en fin de compte la CPI représente une épée de Damoclès sur leur tête donc ils ont certainement peur de ça. »
En attendant le vote de vendredi, l'Union africaine a demandé à la CPI de cesser les procédures pour crimes contre l'humanité visant les dirigeants du Kenya. Les députés kenyans, eux, ont déjà voté une motion réclamant le retrait de leur pays de la CPI.