Que signifierait un retour de Donald Trump pour l'Afrique ?
5 février 2024Quand on interroge les gens dans la rue sur un possible retour de Donald Trump aux affaires, les réactions oscillent entre inquiétude et enthousiasme :
"Plusieurs allégations ont été formulées à l'encontre de Donald Trump", rappelle par exemple Abigail Grift, étudiante ghanéenne. "Il a été mis en accusation deux fois, il a tenté d'influencer le transfert pacifique du pouvoir après avoir perdu l'élection présidentielle de 2020. Je ne pense pas que son retour soit une bonne nouvelle pour les Etats-Unis. Personnellement, je crains qu'il remporte l'investiture et même l'élection. Joe Biden est (pourtant) le mieux placé pour occuper ce poste".
A l'inverse, Samuel Ofoso dit qu'il serait " heureux de voir Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Je ne dis pas que Biden n'est pas bon. Mais en les comparant tous les deux, je choisirais toujours Trump. En raison de sa vision pour l'Afrique. Lorsqu'il était au pouvoir, il a contribué à la mise en place d'infrastructures et de liens politiques, aux soins de santé... Avec Joe Biden, tout ce que je vois, c'est qu'il veut faire avancer l'agenda LGBTQ. Pour cette raison, je ne vois pas cela comme quelque chose de bon pour l'Afrique".
Rhétorique ordurière
Lors de son mandat présidentiel entre 2017 et 2021, Donald Trump ne s'est pas rendu une seule fois en Afrique. En revanche, il s'était notamment illustré, en 2018, par un langage particulièrement vulgaire vis-à-vis des pays africains, les qualifiant de "shithole countries", expression qui avait donné du fil à retordre aux traducteurs - la version retenue par les médias allemands étant "trous à rats".
Mais au-delà du langage, les analystes interrogés par la DW estiment que son retour aux affaires signifierait sans-doute un repli des Etats-Unis sur eux-mêmes et un affaiblissement du multilatéralisme.
Concurrence de la Chine et de la Russie
Cela dit, la montée en puissance de la Chine et de la Russie sur le continent africain pourrait motiver Donald Trump à renforcer la coopération et les liens diplomatiques.
Daniel Silke, analyste sud-africain, pense notamment à l'Agoa, un programme commercial qui confère aux pays africains des avantages sur le marché nord-américain et qui a été prolongé jusqu'en 2025.
Il cite également les droits d'exploitation des minerais, le développement technologique ou encore la sécurité. Tous ces sujets font que même Donald Trump voudra poursuivre la coopération avec le continent, pronostique le chercheur.
Recul probable pour le climat
Parallèlement, un deuxième mandat s'accompagnera très probablement d'un nouveau durcissement de la politique migratoire américaine et d'un recul au niveau de la protection du climat.
Sur ce dernier point, Charles Martin Shields, chercheur américain basé à Bonn, voit pourtant des progrès réalisés sous l'administration Biden : "C'est la première fois que je vois une administration présidentielle assumer la responsabilité du fait que les Etats-Unis et les pays riches ont émis bien plus de CO2 que les pays d'Afrique et des régions équatoriales et que ce sont pourtant ces derniers qui souffrent le plus du changement climatique"
Une approche là aussi menacée par un possible retour de Donald Trump au pouvoir.