Près de 8.000 réfugiés congolais au Burundi en une semaine
1 février 2018Environ 7.800 personnes ont été accueillies à Rumonge au Burundi depuis une semaine. Elles fuient les combats qui opposent, dans l'est de la RDC, les rebelles Maï-Maï Yakutumba et les FARDC. Les réfugiés qui arrivent de l'autre côté du lac Tanganyika à Rumonge, localité située au sud-ouest du Burundi, ne bénéficient encore que de très peu d'aide humanitaire et les conditions de vies se dégradent rapidement. Dans le camp de transit de Rumonge, les conditions sont très précaires. D'autant que les arrivées ne s'interrompent pas.
Surpeuplement du camp
À l'entrée du camp, les enfants jouent, les femmes préparent la cuisine tandis que d'autres dorment à tour de rôle. Certaines familles sont séparées des leurs. À la tombée de la nuit, certains trouvent refuge dans les locaux d'une école, d'autres passent la nuit à la belle étoile. "Les conditions sont tout de même meilleures que de l'autre côté du lac. Du point de vue alimentaire, nous sommes aidés par les Burundais, ils nous donnent de la nourriture, des patates douces, du maïs, etc. Les Burundais sont hospitaliers et nous leur disons merci !", confie Dofi Kayumba, le responsable des réfugiés congolais au camp de transit de Rumonge.
Toutefois, le surpeuplement du camp complique la vie des réfugiés. Sans aide humanitaire jusqu'ici, ces populations déplorent les conditions de vie qui demeurent encore précaires. "Si tu es à l'étranger, c'est différent de quand tu es à la maison. Nous apprécions les conditions telles qu'elles sont, nous sommes un peu aidés. Mais je suis dans l'insécurité, j'ai maigri, je ne mange pas et je n'ai pas d'endroit où dormir. Que le gouvernement s'assied pour voir comment en finir avec les affrontements", implore une réfugiée. Un autre met en avant les transferts du HCR, mais regrette ne pas avoir de marmites, d'assiettes ou de cuillères. "Moi je n'ai pas encore dormi, on se couche par terre, il n'y a pas de nattes et on n'a même pas encore mangé", confie une femme.
Problème d'eau et de latrines
Les confessions religieuses et la population de Rumonge se relaient pour satisfaire les besoins élémentaires des réfugiés. Pas de centre de soins sur place, l'eau potable et les latrines de l'école restent insuffisants. Dans ces conditions, la cohabitation des populations locales et des réfugiés pose problème et des solutions urgentes s'imposent.
"Ce qui nous gène le plus ce sont les latrines", explique Gaspard Nibaruta, le directeur du centre de formation professionnelle, une école devenue un centre de transit des réfugiés. "Notre centre dispose de deux blocs de latrines, un pour les filles et l'autre pour les garçons. Nous accueillons ces réfugiés. Mais avec plus de quatre cents personnes, il y a un problème au niveau de l'hygiène", reconnaît-t-il. Des ONG essaient de traiter le problème mais la situation reste compliquée. "Nous avons aussi un problème d'eau car l'eau que nous utilisons est délivrée par la Regideso et nous devons payer la facture. Si plus de quatre cents personnes utilisent un seul robinet c'est un problème très sérieux."
Appel à l'aide
Les réfugiés continuent d'arriver chaque jour. Certains ont déjà été transférés vers d'autres camps de transit dans trois autres provinces du Burundi pour laisser la place aux nouveaux arrivants. Les autorités burundaises réclament de l'aide aux organisations humanitaires internationales. "Il y a de nombreuses carences pour ce qui concerne les besoins élémentaires", explique Juvénal Bigirimana, le gouverneur de la province de Rumonge. "Je voudrais lancer un appel à l'aide. Il nous faut du soutien parce qu'avec des vieillards, des enfants et des femmes enceintes, il faut que les ONG soient à nos côtés. Et puis la population de Rumonge doit aussi être protégée".
L'insuffisance d'eau potable fait redouter une épidémie de choléra. Par ailleurs, les réfugiés arrivent en bateau, traversant le lac Tanganyika entre le Burundi et l'est de la République démocratique du Congo. Une traversée risquée dans laquelle certains ont déjà laissé leur vie.