Il faut des progrès contre l'insécurité au Sahel (ONU)
17 mai 2023La situation sécuritaire ne cesse de se dégrader dans le Sahel, en dépit des efforts menés par les pays de la région.
Devant le Conseil de sécurité, Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale pour l'Afrique au département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, a dépeint mardi (16.05.2023) un tableau sombre.
Elle a rappelé ce début d'année marqué par un regain d'affrontements entre l'Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM) :
"La situation en matière de sécurité dans la région reste très préoccupante. Les groupes armés non étatiques continuent de mener des attaques à grande échelle contre des cibles civiles et militaires et de s'affronter pour l'accès aux ressources, le contrôle territorial et l'influence. Le terrorisme et les groupes extrémistes violents ciblent fréquemment les zones frontalières, en particulier la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger".
Appel au financement du G5 Sahel
L'insécurité dans la région des trois frontières n'a donc cessé de croître au cours des six derniers mois, parallèlement à l'arrêt des opérations de la Force conjointe du G5 Sahel, composé des armées du Burkina Faso, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad après le retrait du Mali.
S'exprimant en visioconférence, le secrétaire exécutif du G5 Sahel, Eric Thiaré, a estimé que la complexité de la situation au Sahel doit interpeller la communauté internationale. Il importe à présent, dit-il, de passer à l'action. Ce qui a toujours manqué, ce sont les équipements et les financements pérennes.
Eviter l'extension du terrorisme
Pour Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale pour l'Afrique au département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, il faut éviter l'extension du terrorisme à d'autres régions.
"Des progrès résolus dans la lutte contre le terrorisme, l'extrémisme violent et la criminalité organisée au Sahel sont absolument nécessaires. Sans avancées significatives, il sera de plus en plus difficile d'inverser la trajectoire de la sécurité au Sahel et l'expansion de l'insécurité vers les pays côtiers de l'Afrique de l'Ouest. L'instabilité récente à l'est du Sahel, au Soudan, est une autre source d'inquiétude. Les effets dévastateurs d'une déstabilisation continue du Sahel se feraient sentir bien au-delà de la région et du continent africain".
Grave crise humanitaire
Face à cette insécurité, la crise humanitaire déjà grave s'est accentuée. Le Burkina Faso compte ainsi 4,7 millions de nécessiteux et plus de deux millions de personnes déplacées, tandis qu'au Mali, 8,8 millions de personnes, en tout, auront besoin d'une assistance en 2023. Des chiffres nettement en hausse dans ces deux pays, comparés à ceux de l'année dernière.