Procès Sankara : Blaise Compaoré condamné à la perpétuité
6 avril 2022Blaise Compaoré vient d’être condamné par contumace à la prison à vie par le tribunal militaire de Ouagadougou.
L’ancien président du Burkina Faso, qui vit en exil à Abidjan, est reconnu coupable d’avoir participé à l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987.
L’autre grand absent de ce procès, Hyacinthe Kafando, l’ancien commandant de la garde de Blaise Compaoré, a également été condamné à la perpétuité.
Enfin, présent lors des audiences, le général Gilbert Diendéré, l’un des principaux chefs de l'armée lors du putsch de 1987, écope également de la prison à vie. Son avocat a jugé la condamnation de son client excessive. "En étant accusé présent, il a la même peine que ceux qui était absents", a déploré Mathieu Somé. Pour lui, "ce n'est pas tout à fait juste car il (Gilbert Diendéré) est venu apporter sa contribution".
Sentences plus lourdes que les réquisitions
Dans les trois cas, la sentence du juge va ainsi plus loin que les réquisitions du parquet militaire. Celui-ci avait requis 30 ans de prison pour Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, et de 20 ans pour Gilbert Diendéré.
Les trois hommes sont condamnés pour "attentat à la sûreté de l'Etat". Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont également reconnus coupables de "complicité d'assassinat" et Hyacinthe Kafando, soupçonné d'avoir mené le commando qui a tué Thomas Sankara, d'"assassinat".
Les avocats ont 15 jours pour faire appel de cette décision.
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"Ce verdict va donner à réfléchir"
"Le juge a donné son verdict selon la loi et tout le monde apprécie", s'est réjouie Mariam Sankara, la veuve de Thomas Sankara, et qui aura été présente presque tout au long du procès. "Notre but c'était que les violences politiques qu'il y a au Burkina finissent. Ce verdict va donner à réfléchir à beaucoup de personnes".
De son côté, l'avocat de la famille Sankara, Guy Hervé Kam, s'est dit "fier d'être Burkinabè et avocat".
Huit autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois ans à vingt ans de prison. Trois accusés, enfin, ont été acquittés.
Ouvert en octobre dernier, ce procès historique avait été perturbé par le coup d'Etat militaire du 24 janvier qui a renversé le président élu Roch Marc Christian Kaboré.