Procès Gbagbo : la CPI tranche ce mardi
14 janvier 2019Alors que la chambre de première instance de la Cour pénale internationale (CPI) a fixé au 15 janvier l'audience pour rendre sa décision sur les demandes de libération provisoire et d’acquittement de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de son ministre Charles Blé Goudé, l’association des victimes de la crise post-électorale de 2010 - 2011 a tenté d’organiser à Abidjan un sit-in devant les locaux de la Commission nationale des droits de l’homme. Une manifestation empêchée par les forces de l’ordre.
Deux cargos et trois autres véhicules de type 4X4 remplis de policiers ont pris possession de la voie d’accès aux locaux de la Commission nationale des droits de l’homme ce lundi matin (14.01) afin d’empêcher le sit-in qui y était prévu, alors que l’autorisation n’avait pas été accordée par les autorités compétentes.
Issiaka Diaby, président du collectif des associations de victimes de la crise post-électorale de 2010-2011, explique que cette manifestation visait à protester contre une éventuelle mise en liberté de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé :
"Ce sit-in qu’on a préparé était juste pour faire savoir que les victimes en Côte d’Ivoire existent. La CPI est en train de trahir notre confiance. La CPI est en train de mettre en place une politique qui fait la promotion uniquement de la personne de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. A travers cette manifestation, nous voulons dire que nous sommes opposés à une quelconque libération de Laurent Gbagbo."
"Une condamnation ne changera rien à ma santé"
Brahima Diarra fait partie des victimes de la crise post-électorale. Elle se déplace en fauteuil roulant et souhaite agir pour une vraie réconciliation en Côte d’Ivoire. Cependant, selon elle, il ne lui appartient pas de décider du sort à réserver à l’ancien président Laurent Gbagbo et à son ministre Charles Blé Goudé. Brahima dit seulement faire confiance en la justice internationale :
"Aujourd’hui nous sommes en période de réconciliation. C’est à la justice de faire son travail. Ce n’est pas le fait que je dise il faut condamner Gbagbo ou libérer Gbagbo qui va changer quelque chose. Notre vie est déjà gâchée par monsieur Laurent Gbagbo et le président Ouattara. On attend ce que la justice va faire. Ce qui est sûr, c'est que sa libération ou sa condamnation ne change rien à ma santé. Depuis 2011, je vis dans ce fauteuil et jusqu’à ce jour je me nourris moi-même. Aujourd’hui, nous demandons que ça s’arrête."
La question des indemnisations
Parmi la cinquantaine de personnes qui a effectué le déplacement de ce sit-in avorté se trouve Monsieur Koné. Agé de 68 ans, celui-ci se déplace à peine. Il réclame justice et réparation pour ses deux enfants tués pendant la crise post-électorale :
"Nous avons décidé de faire ce sit-in parce que la CPI doit juger Laurent Gbagbo demain. Et nous voulons que justice et indemnisation soient faites."
Parmi ces victimes se trouvent aussi de nombreuses femmes, majoritairement des veuves ou des mères ayant perdu leurs enfants. Pour Madame Konaté, l'essentiel du débat est ailleurs. Elle se demande quelle sera la suite de cette affaire d’indemnisation après le mandat du président Alassane Ouattara qui prendra fin en octobre 2020.
"On a tué nos maris, nos enfants. Depuis qu'on est là, le problème n’est toujours pas réglé. Alassane, quand il va partir, qui va régler ça?"
Les victimes de la crise postélectorale se comptent par milliers en Côte d’Ivoire. Toutes ces victimes, comme les autres millions d’Ivoiriens, auront les regards tournés vers la Cour pénale internationale qui rendra sans doute une décision ce mardi 15 janvier.