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La RDC accuse Kigali de soutenir le M23. Vrai ou faux ?

27 mai 2022

Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le M23 dans les combats qui opposent l'armée congolaise aux rebelles dans la région de Goma. Kigali dément.

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Soldats congolais en patrouille à Goma en novembre 2012
Soldats congolais en patrouille à Goma en novembre 2012Image : Dai Kurokawa/dpa/picture alliance

Des combats opposent depuis quelques jours, à une vingtaine de km au nord de Goma, chef-lieu de la province troublée du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, l'armée congolaise aux rebelles du M23.

Depuis le 22 mai, les affrontements ont repris dans le territoire de Rutshuru, théâtre habituel des combats avec le M23, et se sont étendus au territoire voisin de Nyiragongo, plus proche de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, rappellent les ONG dans un communiqué.

Preuves congolaises

De quelles preuves dispose le gouvernement congolais dans ses accusations contre le Rwanda ? Pour Reagan Miviri, chercheur au Baromètre sécuritaire du Kivu, "la RDC a présenté des armes et des tenues militaires qui auraient été trouvées sur le terrain et qui appartiendraient à l'armée rwandaise. Ce sera au Mécanisme de vérification conjoint élargi (MCVE) de dire si le Rwanda est impliqué dans ces combats. Mais, en 2012, le Rwanda avait déjà nié son implication aux côtés du M23 qui avait pris la ville de Goma. En outre, le Rwanda a toujours considéré les rebelles des FDLR qui se trouveraient dans l'est de la RDC, comme une menace à sa stabilité."

" La présence des FDLR dans l'est de la RDC est l'argument de Kigali", Reagan Miviri, (Baromètre sécuritaire du Kivu)

Lire aussi → RDC : Les raisons de la résurgence du mouvement rebelle M23

Lundi, le Rwanda avait accusé la RDC d’avoir tiré des roquettes sur son territoire. Mercredi, le gouvernement congolais accusait pour sa part, le Rwanda de soutenir la rébellion du M23. Une accusation rejetée par Kigali.

Kigali et Kinshasa ont demandé une enquête au Mécanisme de vérification conjoint élargi (MCVE), un organisme régional qui surveille et mène des enquêtes sur les incidents de sécurité dans la région volatile des Grands Lacs.

 

Lire aussi →RDC: nouveaux combats entre les FARDC et le M23 près du Rwanda

Que veut le M23 ?

Ancienne rébellion tutsi vaincue en 2013, le M23, pour "mouvement du 23 mars", est réapparu en fin d'année dernière, en reprochant aux autorités de Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.

"Le M23 a des revendications et après leur défaite en 2013, certains combattants avaient demandé à retourner au pays, dans l'armée et de pouvoir conserver leurs grades. Une autre revendication était l'amnistie, mais une revendication très impopulaire en RDC, un pays où le besoin de justice est fort" dit Reagan Miviri, chercheur au Baromètre sécuritaire du Kivu.

Plus de 75.000 personnes ont fui leurs maisons en huit jours de combats dans l'est de la RDC selon le HCR
Plus de 75.000 personnes ont fui leurs maisons en huit jours de combats dans l'est de la RDC selon le HCRImage : Tom Peyre-Costa/NRC

Les relations entre Kinshasa et Kigali sont tendues depuis le génocide au Rwanda en 1994 avec l'arrivée massive en RDC de Hutu rwandais accusés d'avoir massacré des Tutsi durant le génocide. Depuis, le Rwanda a été régulièrement accusé par Kinshasa d'incursions au Congo et de soutien à des groupes armés dans l'est du pays.

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Conséquence de ce regain de tension, plus de 72.000 personnes ont fui leurs maisons en huit jours pour échapper aux combats entre l'armée congolaise et les rebelles du M23, dans l'est de la RDC, selon le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR).

Depuis novembre dernier, au moins 170.000 civils ont été chassés de chez eux par des combats dans l'est de la RDC, précise le HCR, qui ajoute qu'"au moins 1,9 million de personnes sont déplacées dans le Nord-Kivu", province frontalière du Rwanda et de l'Ouganda. Au total, la RDC compte 5,6 millions de déplacés, un record en Afrique.
 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle