Pourquoi Kamala Harris comme vice-présidente de Joe Biden
12 août 2020C’est donc en duo avec Kamala Harris comme vice-présidente que Joe Biden veut se lancer dans la course contre Donald Trump.
Joe Biden a annoncé la nouvelle sur Twitter :
„J’ai le grand honneur d’annoncer que j’ai choisi Kamala Harris, une combattante dévouée à la défense courageuse des classes populaires et l'une des plus grands serviteurs de l'Etat, comme ma colistière."
Kamala Harris s’est dite "honorée" et a répondu par la même voie :
"Joe Biden peut rassembler les Américains car il a passé sa vie à se battre pour nous. Et quand il sera président, il construira une Amérique à la hauteur de nos idéaux".
Plusieurs premières historiques
A 55 ans, Kamala Harris est la première personne d’origine indienne à briguer la vice-présidence américaine.
Fille d’immigrés, son père est jamaïcain et sa mère indienne. A Chennai, d’où sa mère est originaire, ceux qui la connaissent sont ravis de la nouvelle, comme Lionell Singh, un étudiant qui se dit "rempli de fierté":
"En plus, c’est une femme. C’est super. La plupart des gens de Chennai vont être très contents que l’une des leurs ait été choisie!"
Kamala Harris a déjà de l’expérience : après deux mandats de procureure à San Francisco, elle a été élue puis réélue procureure générale de Californie. Elle a été non seulement la première femme mais aussi la première personne noire à la tête des services judiciaires de l’Etat le plus peuplé des Etats-Unis.
Quand elle était procureure générale de Californie, elle a travaillé avec le fils défunt de Joe Biden. "J'ai observé comment ils ont défié les grandes banques, aidé les travailleurs, et protégé les femmes et enfants face aux mauvais traitements", s’enthousiasme le candidat démocrate.
En janvier 2017, Kamala Harris est devenue sénatrice. Elle est alors devenue la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la deuxième sénatrice noire de l’histoire du pays.
Sophia Becker, chercheuse spécialiste des Etats-Unis à la DGAP, Société allemande de politique étrangère, explique à la DW :
"Kamala Harris est considérée depuis plusieurs années comme une étoile montante de la politique américaine. Elle a près de vingt ans d’expérience, notamment en tant que procureure générale, sénatrice et candidate à la présidentielle. En campagne électorale, elle est bonne oratrice, et a fait ses preuves en politique. En
tant que procureure et sénatrice, elle s’est beaucoup engagée pour la politique pénale, l’éducation, le social, la politique migratoire etc. En tant que vice-présidente, elle aurait sans doute plutôt en charge la politique intérieure. Joe Biden a, lui, une grande expérience en politique étrangère et c’est ce que lui considère comme une priorité."
Donald Trump, lui, a commencé à descendre en bonne et due forme le duo qu’il va devoir affronter.
"Joe le mou et Kamala l'imposture, faits pour être ensemble, mauvais pour l'Amérique", dénonce une vidéo qui a été tweetée par le président en exercice."
Donald Trump souligne que Kamala Harris s’est retirée de la course dès décembre, avant même le début officiel des primaires, alors qu’elle était créditée "de seulement 2%".
En effet ses résultats n’étaient pas très bons et la candidate manquait de moyens pour financer une campagne hors de prix.
Le camp républicain l'attaque aussi sur des positions supposées "d'extrême gauche", comme dans cette vidéo, publiée sur le compte du président en exercice:
Un choix à visées électoral(ist)es
Sans doute qu’outre ses qualifications, son apparence a joué en sa faveur pour être choisie par Joe Biden. Le candidat avait annoncé dès mars qu’il choisirait une femme comme colistière.
Les mouvements antiracistes qui ont suivi la mort de George Floyd en mai l’ont sans doute incité à faire équipe avec une noire, pour se démarquer de l’administration Trump.
Barack Obama salue cette décision "en plein dans le mille" et estme qu’il s’agit « d’un grand jour pour [le] pays ».
Sophia Becker, de la DGAP, estime qu'en effet, par le choix de Kamala Harris, Joe Biden tente de répondre à plusieurs types d’électeurs:
"Le fait que son choix se soit porté sur Harris plutôt que sur Elisabeth Warren, considérée comme plus à gauche, montre qu’il vise un électorat centriste. Mais bien sûr que cela joue aussi un rôle qu‘elle soit la fille d’immigrés jamaïcain et indienne. Après les protestations Black Lives Matter dans tout le pays, le terrain était favorable à une femme noire comme candidate au poste de vice-présidente. Et puis Harris est un choix „sûr“: ni trop progressiste, ni trop radicale, autant de choses qui sont reprochées souvent à l’aile gauche du parti."
Oubliées, donc, les dissensions entre Joe Biden et Kamala Harris, qui l’avait repris sur des propos qu’il avait tenus au sujet, justement des minorités.
Joe Biden a 78 ans. Il a déjà indiqué qu’il ne ferait qu’un seul mandat. Sa vice-présidente serait alors une dauphine toute désignée pour le scrutin d’après : la présidentielle de 2024…