Ces déchets plastiques qui polluent l'Afrique
2 juin 2023Les 175 délégations rassemblées à Paris pour un deuxième cycle de négociations devraient aboutir ce vendredi soir à une ébauche de contenu pour le futur traité contre la pollution plastique.
Les enjeux sont très importants : la production de plastique dans le monde a doublé sur les 20 dernières années et devrait tripler d'ici à 2060. Cette crise globale se ressent déjà particulièrement sur le continent africain.
Un groupe africain à l'avant-poste
Alors que les pays pétroliers ont retardé le début des négociations en revenant sur le mode d'adoption du future traité, le groupe africain, dirigé par le Sénégal, a été particulièrement ferme à la table des négociations.
Ce groupe presse pour la mise en place d'actions concrètes, globales, et pour que les pays les plus pollueurs prennent leurs responsabilités.
"Pour nous, l'heure n'est plus aux négociations interminables", rappelle Awa Traoré, consultante et négociatrice sénégalaise présente cette semaine à Paris. "L'absence d'un traité ambitieux sur le plastique est extrêmement préjudiciable à la région Afrique qui est impactée par la pollution plastique et le colonialisme des déchets. Le principe du pollueur payeur devrait aussi permettre de s'adapter au niveau du continent."
La coalition pour la haute ambition
Une coalition de 55 pays dite "pour la haute ambition", conduite par le Rwanda et la Norvège, promeut la fin de la pollution plastique d'ici 2040. L'Allemagne fait partie de ces pays depuis 2022.
Viola Wohlgemuth, experte protection des ressources et substances toxiques pour Greenpeace Allemagne, réaffirme la responsabilité de son pays et de l'Europe dans la gestion des déchets : "Il y a clairement une responsabilité politique des pays européens."
"Les multinationales produisent des déchets qu’elles exportent vers les pays du Sud. Nous avons encore des lois qui n'interdisent pas ces exportations de déchets plastiques. Nous devons faire le ménage et les pollueurs doivent payer.", ajoute l'experte allemande, en étroit en contact avec les négociateurs allemands à Paris.
"C'est notre chance historique"
Au matin du dernier jour des négociations, Steffi Lemke, ministre allemande de l'Environnement, soulignait à nouveau la volonté du pays de réduire la production de plastique. Au-delà, donc, du recyclage, et notamment par une loi contre la production d'emballage à usage unique qui doit être amendée en juin.
"Avec cette loi, nous avons la possibilité en Allemagne d'être chef de file en Europe", abonde Viola Wohlgemuth, "de prouver qu'il est possible d'avoir des objectifs légaux forts, et bien sûr défendre ce traité contre le plastique. C'est notre chance historique d'éliminer les déchets plastiques dans le monde, et le seul moyen est de réduire la production de nouveaux plastiques."
Il reste trois nouvelles rencontres pour des discussions avant la ratification d'un traité courant 2025. Le calendrier reste très ambitieux : le Traité sur la haute mer ratifié le 5 mars 2023 a nécessité 15 ans de telles négociations internationales.