Paul Kagamé salue le rapport Duclert sur le génocide
7 avril 2021C’est une journée d’amertume. Le 7 Avril de chaque année, les Rwandais se souviennent de la pire tragédie dans l’histoire de leur pays.
Certains pays comme la France, à propos de sa présumée complicité dans ce génocide, ou la communauté internationale pour son inaction devant les massacres, reviennent souvent dans les discussions.
Dans un discours prononcé ce mercredi, le président Paul Kagame, a ainsi cité le rapport Duclert récemment présenté au président Emmanuel Macron.
"Le rapport montre que le président Mitterrand et ses proches conseillers savaient qu’un génocide contre les Tutsi était en planification par leurs alliés rwandais. Malgré cela, il a continué à les soutenir car il a jugé nécessaire de défendre les intérêts géopolitiques de la France", dit Paul Kagame.
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La décrispation sous Macron
Depuis que le président Emmanuel Macron est au pouvoir, l’amélioration des relations diplomatiques entre les deux pays se remarque, avec notamment plusieurs visites de son homologue rwandais à Paris.
Selon Paul Kagamé, le rapport Duclert représente ainsi l’occasion de poursuivre ce rapprochement.
"Ce rapport est le bienvenu car il marque un pas important vers une compréhension commune de ce qu’il s’est passé. Cela montre aussi un changement, un désir des leaders français d’avancer avec une bonne compréhension du passé", estime le président rwandais.
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Réactions de rescapés
Certains rescapés, surtout ceux qui ont vécu dans la zone turquoise contrôlée alors par l’armée française, continuent d’accuser la France de complicité dans le génocide.
Cependant, Yolande Mukagasana, rescapée du génocide et chercheuse spécialisée dans ce drame, félicite l’actuel gouvernement français concernant le rapport Duclert.
"On ne peut pas continuer à se regarder comme on se regarde. Il vaut mieux qu’on crève l’abcès. Et puis, pour moi, la France et le Rwanda doivent se mettre ensemble pour résoudre le contentieux qu’il y a entre nos deux pays. Il y a eu différents présidents mais personne n’a voulu se pencher sur la question, alors que c’est la question qui envenime les relations entre les deux Etats", explique-t-elle.
Kigali s’apprête ainsi à accueillir, d’ici quelques semaines, le président Macron qui ne s’était pas déplacé en 2019, lors de la 25e commémoration du génocide.
La France a aussi annoncé ce mercredi, l'ouverture au grand public, d'importantes archives, notamment celles de l'ancien président socialiste François Mitterrand au pouvoir à l'époque du génocide.
Le génocide de 1994 a fait plus de 800.000 morts selon l'ONU, essentiellement des Tutsi exterminés entre avril et juillet 1994.