Génocide rwandais : ouverture du procès Félicien Kabuga
29 septembre 2022Félicien Kabuga était absent ce jeudi (29.09.22) matin à la lecture des chefs d’accusation. A 87 ans, l’ancien homme d’affaires a décidé de ne pas assister à l’audience. Il dit avoir perdu confiance en son avocat. Lewis Mudge de Human Rights Watch laisse entendre à la DW que c'est un moyen de faire traîner le procès et de ne pas faire face aux accusations.
Selon l’accusation, Félicien Kabuga est jugé pour avoir mis sa fortune et ses réseaux au service du génocide rwandais. Il aurait ainsi livré des machettes et surtout joué un rôle substantiel et intentionnel dans le génocide.
Selon le procureur Rashid Rashid, "Pour soutenir le génocide, Kabuga n'a pas eu besoin de brandir un fusil ou une machette à un barrage routier".
"Au contraire, poursuit le procureur, il a fourni des armes en masse et a facilité la formation qui a préparé les Interahamwe à les utiliser. Il n'a pas eu besoin de prendre un micro pour appeler à l'extermination des Tutsis à la radio. Au contraire, il a fondé, financé et présidé la Radiotélévision libre des mille collines, la station de radio qui a diffusé la propagande génocidaire dans tout le Rwanda.
"Finir le travail"
Selon l’accusation, Félicien Kabuga aurait en personne distribué des armes lors de rassemblements Interahamwe. Il aurait demandé à ces milices de "finir le travail".
Félicien Kabuga aplaidé non coupable lors d’une première comparution en 2020 devant le Mécanisme international chargé d’achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Serge Brammertz, le procureur du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux a indiqué jeudi que le procès était très attendu par les victimes.
"C'est toujours un procès très important. Vous savez, vous devriez poser ces questions aux survivants et aux victimes qui ont attendu 28 ans pour voir ce procès commencer. Et il est toujours très important pour le génocide et les auteurs en général", explique Serge Brammertz.
Etape importante selon Human Rights Watch
Avant l’ouverture du procès, Human Rights Watch a déclaré qu’"il s’agit d’une étape importante dans les efforts visant à garantir les responsabilités de la planification, de l’ordre et de l’exécution du génocide au Rwanda".
"C'est très important pour les victimes de voir quelqu'un du rang de Félicien Kabuga en train de répondre devant un tribunal par rapport aux faits dont la justice l'accuse", a déclaré la DW Lewis Mudge de Human Rights Watch.
L’accusation va présenter plus de 50 témoins. Les audiences vont reprendre vendredi, avant la présentation des moyens de preuves la semaine prochaine.
Félicien Kabuga est l’un des derniers suspects à être traduit en justice après une soixantaine de condamnations déjà prononcées par le TPIR. Le génocide rwandais a fait plus de 800.000 morts, essentiellement au sein de la minorité tutsie.