Ouganda : convaincre les futurs pères d'assumer leur rôle
14 décembre 2017C'est une situation courante en Ouganda. Pour leurs soins ou leurs démarches, les femmes enceintes se débrouillent seules avant même la naissance de leur enfant. Rares sont en effet les hommes à les accompagner au quotidien de leurs soins et de leurs démarches avant la naissance d'un bébé. Une situation contre laquelle femme et pouvoirs publics tentent aujourd'hui de lutter.
Sur place, le problème est en effet bien réel. Bella Kasigaire est par exemple enceinte de quatre mois. Dans le district de Buikwe, elle emprunte un vélo-taxi pour rejoindre l'hôpital Kawolo. Un hôpital où son mari n'a jamais mis les pieds pour assister aux examens prénataux de ses grossesses. "Vous savez, les hommes d'aujourd'hui sont très compliqués. Ils vous mettent enceinte, mais vous allez seule à l'hôpital", raconte-t-elle. "Les infirmières demandent toujours: où est ton mari ? Alors je trouve juste un chauffeur de taxi à bicyclette et nous planifions ce qu'ils vont lui demander."
Une absence remarquée régulièrement par Scholastic Namuddu. Cette agent en santé maternelle pour l'organisation non gouvernementale Reproductive Health Uganda déplore que beaucoup d'hommes n'assument par leurs responsabilités, notamment en zone rurale. "Si vous mettez une femme enceinte, ce devrait être votre responsabilité de prendre soin d'elle. Elle a besoin des soins socialement, émotionnellement, économiquement ou physiquement, dès le premier jour", estime-t-elle avant de plaider aussi pour le partage de l'éducation et de l'instruction après la naissance.
"Des donneurs de sperme"
Sur place, beaucoup de femmes confirment avoir le même problème. "Il y a des hommes que nous appelons des donneurs de sperme", raconte Sheena Ayebare en souriant. "Un homme vient, il fait juste don de son sperme et ensuite vous commencez à souffrir. L'homme qui venait tôt pour être avec toi avant que tu ne tombes enceinte commence à rentrer tard et toi tu commences à te demander : "Mais qu'est-ce qui se passe?".
Des peurs que n'évoquent pas forcément les hommes même s'ils reconnaissent leur manque d'implication. Un manque justifié parfois par des contraintes économiques. "Le problème est que lorsque je vais à l'hôpital, les files d'attente sont longues et j'ai peu de temps. Je dois gagner de l'argent, aussi pour payer les gens de l'hôpital", explique Victor Kiwalabye, un père de deux enfants, qui vient de déposer sa femme à l'hôpital mais n'a pas le temps de rester pour la visite.
Actions des pouvoirs publics
Le ministère de la Santé de l'Ouganda cherche à lutter contre cette situation, en lançant des actions expliquées par la porte-parole du ministère Vivian Nakaliika : "Nous allons à la base, nous allons dans les communautés, nous travaillons avec les équipes de santé du village et les autorités des conseils locaux pour veiller à ce que ce message passe". Il y aurait selon le ministère une première évolution des mentalités et des comportements. Mais ici chacun sait que le travail sera encore long.