1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW
ConflitsUkraine

Un sommet de l'Otan sur fond de divisions

Sandrine Blanchard | Avec agences
10 juillet 2023

Le sommet de l'Otan à Vilnius s'annonce chargé : tractations sur l'adhésion de la Suède à l'Otan, budget de l'Alliance, guerre en Ukraine, les dossiers sont lourds.

https://p.dw.com/p/4TgYw
Drapeaux de l'Otan et de l'Ukraine à Vilnius (9 juillet 2023)
L'Ukraine espère rejoindre l'Otan mais une adhésion n'est pas possible tant que la guerre est en coursImage : Petras Malukas/AFP/Getty Images

La ville de Vilnius est placée sous haute sécurité : 4.000 soldats et 1.200 policiers et membres des services de renseignement sont sur le qui-vive pour protéger la capitale de la Lituanie qui accueille demain [11.07.23] et mercredi le sommet de l'Otan. Le but de ces mesures est de protéger le sommet d'une éventuelle attaque, alors que Vilnius n'est qu'à 200 kilomètres de l'enclave russe de Kaliningrad.

De gros dossiers seront abordés lors de la rencontre : les tractations autour d'une éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'Alliance atlantique, mais aussi les dépenses militaires en forte hausse et le blocage de l'adhésion de la Suède par la Turquie. 

Un soldat monte la garde devant des panneaux qui annoncent le sommet de l'Otan à Vilnius
Le sommet de l'Otan se tiendra à Vilnius les 11 et 12 juilletImage : Mindaugas Kulbis/AP/dpa/picture alliance

Le "oui mais" à l'Ukraine

Le principal sujet abordé au sommet de Vilnius : la réponse de l'Alliance à la guerre de la Russie en Ukraine.

"L'Ukraine est prête à rejoindre l'Otan. Nous attendons que l'Otan soit prête à accueillir l'Ukraine", a déclaré plusieurs fois Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. Son pays réclame aussi d'intégrer l'Otan une fois la guerre terminée. Les pays d'Europe de l'Est soutiennent l'Ukraine dans sa demande. Selon eux, cela dissuaderait la Russie de lancer de nouvelles offensives dans la zone à l'avenir.

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, est plus mesuré : "Il n'est pas possible pour un Etat d'adhérer à notre alliance de défense lorsqu'il est en guerre, rappelle-t-il. L'une des conditions pour l'adhésion est que tous les différends frontaliers soient réglés."

Liens renforcés

Les Etats-Unis et l'Allemagne ne comptent pas définir tout de suite une feuille de route détaillée, même si l'Ukraine pourrait bénéficier d'une sorte de procédure accélérée, en n'étant pas obligée notamment de se plier au "Membership action plan", qui pose certaines réformes comme conditions préalables à une adhésion.

Dans un premier temps, l'Alliance atlantique entend aussi renforcer les liens avec Kiev en mettant sur pied un Conseil Otan-Ukraine ainsi qu'un plan pluriannuel qui permette à l'Ukraine de se rapprocher des standards militaires occidentaux.

En marge du sommet, le Royaume-Uni, la France, les Etats-Unis et l'Allemagne pourraient aussi promettre à l'Ukraine de bénéficier pendant plusieurs années de livraisons d'armes supplémentaires.

Un accord multilatéral de coopération militaire pourrait être signé qui s'inspire de celui qui relie les Etats-Unis à Israël, par exemple.

Les Etats-Unis suggèrent par ailleurs de livrer à Kiev des bombes à sous-munitions. Ce type d'armements soulève des problèmes éthiques, car le "Processus d'Oslo" a été lancé en 2008 pour les interdire.

L'Ukraine argumente cette demande par le manque de munitions à sa disposition pour contrer l'offensive russe.

Sur ce point, les Etats d'Europe de l'Ouest sont réticents, tandis que les pays frontaliers de la Russie y sont plutôt favorables.

La semaine dernière (le 6 juillet), Human Rights Watch a publié un rapport selon lequel "des armes à sous-munitions ukrainiennes auraient tué des civils".  La Russie aussi a utilisé ce type d'armes dans plusieurs villes ukrainiennes. HRW appelle les Etats du monde à ne pas livrer aux parties en conflit ces armes qui font de nombreuses victimes civiles.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé à la mi-journée [10.07.23] que la Russie considèrerait une adhésion de l'Ukraine à l'Otan comme une "menace" et que celle-ci aurait des conséquences "très, très négatives sur l'ensemble de l'architecture de sécurité européenne".

Portrait de Recep Tayyip Erdogan devant un panneau de l'Otan (archive de 2022)
Recep Tayyip Erdogan veut faire pression pour la réouverture des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UEImage : Gabriel Bouys/AFP

Adhésion de la Suède à l'Otan ?

Autre dossier épineux : l'adhésion de la Suède à l'Otan. Pour qu'un Etat puisse rejoindre l'Alliance, il faut que ses membres soient unanimement d'accord.

Or, la Turquie s'oppose à l'adhésion de la Suède. Officiellement, Recep Tayyip Erdogan reproche au pays scandinave de maintenir un embargo sur la vente d'armes à la Turquie et surtout son soutien au mouvement kurde PKK, considéré par Ankara comme une organisation terroriste.

Mais ce refus permet aussi à la Turquie d'utiliser ce levier pour réclamer à l'Union européenne la réouverture des négociations pour son adhésion, lesquelles sont au point mort depuis 2020.

Le président turc fait valoir qu'il pourrait alors changer d'idée sur la Suède, comme il l'a fait pour la Finlande.  

Financement de l'Otan

Côté budget enfin, 11 pays membres de l'Alliance sur 31 devraient atteindre ou dépasser les 2% de leur PIB consacrés aux dépenses militaires d'ici à 2024. C'était un engagement pris en 2014, suite à l'invasion de la Crimée par la Russie.

Désormais, ces 2% seront un minimum imposé. Mais plusieurs Etats estiment qu'ils mettront plusieurs années avant de pouvoir atteindre cet objectif.