Attaque dans le Nord-Kivu : des habitants témoignagent
8 novembre 2021L’assaut s’est déroulé dans la nuit de dimanche (7.11) à lundi près de Rutshuru, à la frontière entre la RDC et l'Ouganda. Au moins trois villages de cette zone ont été touchés et leurs habitants cherchent refuge dans les zones environnantes, tandis que d'autres fuient vers l'Ouganda voisin.
Cet habitant témoigne avoir vu de ses propres yeux les hommes armés.
Itangishaka Célestin, un habitant du territoire de Rutshuru, dit avoir été témoin de l’offensive :
"Depuis le (dimanche) matin, nous entendions les cris des gens accompagnés de coups de feu. Nous ne savions pas si c'était une armée. Certaines personnes ont commencé à fuir mais j'ai décidé de passer la nuit ici. Ce (lundi) matin, je suis allé dans les montagnes et les rebelles m'ont demandé qui j'étais. J'ai répondu que j'étais un citoyen avant qu'ils ne me disent qu'ils cherchaient les FARDC. Ensuite, je suis rentré chez moi."
Fuite vers l’inconnu
De nombreux habitants se sont dirigés vers Rutshuru-Centre, à une vingtaine de kilomètres de là. D'autres ont traversé la frontière de l'Ouganda, qui a autorisé leur entrée. C’est le cas de Marceline Sebanza, qui a dû tout laisser derrière elle :
"Ce n'est pas loin d'ici que les coups de feu ont retenti. Il ne reste que 20 kilomètres pour atteindre ces montagnes. Nous fuyons vers un endroit inconnu depuis hier soir. Je suis mariée à un soldat des FARDC et j'ai fui avec un bébé sans nourriture et sans vêtements de rechange car nos maris n'ont rien reçu depuis plusieurs mois. Nous ne savons même pas où nous allons. Nous nous remettons simplement entre les mains de Dieu dans ces moments difficiles."
Plus de moyens
Pour lutter contre ce genre d'attaques, la députée nationale Ayobangira Safari, élue dans le territoire voisin de Masisi, appelle le gouvernement à renforcer le programme de DDR (désarmement, démobilisation et réintégration) afin d'empêcher les jeunes de se lier aux groupes armés qui peuplent la région.
"Les jeunes qui sont dans les groupes armés et qui sont prêts à se rendre ne trouvent pas un cadre qui leur permettra de mettre fin à leur activisme. Au contraire, dans cette période trouble d'insécurité, il risquent d’être recrutés par d'autres personnes. Cela pourrait faire échouer l'état de siège. Nous demandons aux autorités congolaises d'accélérer le processus de concrétisation définitive du programme DDR en le dotant des moyens nécessaires."
Les FARDC ont confirmé que le mouvement insurgé M23 était à l'origine de l'attaque à Runyoni et Chanzu. Celui-ci aurait l'intention de mener d'autres actions de déstabilisation dans le territoire de Ruthsuru et ailleurs dans la province du Nord-Kivu.
L’armée assure pour sa part que la situation sera maîtrisée sous peu.