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Le président nigérian appelle au calme

5 août 2024

Bola Ahmed Tinubu a appelé le dimanche (04.08) à la fin des manifestations contre la vie chère dans son pays. Les organisateurs promettent de poursuivre leur combat.

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Le président Bola Ahmed Tinubu est öe président de la République fédérale du Nigeria depuis le 29 mai 2023
Le président Bola Ahmed Tinubu dirt prendre la mesure de la situationImage : Sodiq Adelakun/AFP

Après une semaine agitée par des manifestations contre la vie chère  qui ont fait selon Amnesty International,  Bola Ahmed Tinubu a appelé à mettre un terme aux "effusions de sang".

"Je vous ai entendu clairement. Je comprends la douleur et la frustration qui motivent ces manifestations", a affirmé le chef de l'Etat du Nigéria dans un discours télévisé dimanche.

Des milliers de manifestants descendent dans la rue depuis le 1er août 2024 pour  dénoncer la cherté de la vie
Des manifestants expriment leurs doléances à Lagos le 1er août 2024Image : Adekunle Ajayi/IMAGO/NurPhoto

Des milliers de personnes ont manifesté jeudi et vendredi contre la "mauvaise gouvernance" et la hausse du coût de la vie au Nigeria qui traverse une grave crise économique, à la suite de réformes mises en place par le président Tinubu, arrivé au pouvoir en mai 2023. 

Le Nigeria connaît actuellement une des plus graves crises économiques de son histoire.

L'inflation, qui frôle les 40%, pèse énormément sur la grande majorité des ménages nigériens.

Les denrées alimentaires, l'essence mais aussi les médicaments ont atteint des prix records.

Ainsi, la colère gronde un peu plus chaque jour dans le pays où des milliers de personnes descendent régulièrement dans la rue, notamment dans la capitale Abuja, pour protester contre cette flambée des prix. 

Les forces de sécurité nigérianes tirent des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants lors de la manifestation contre la mauvaise gouvernance à Abuja le 1er août 2024
Les forces de l'ordre dispersent des manifestants à Abuja Image : Kola Sulaimon/AFP

"Il y a des difficultés dans le pays, les gens ont faim, ils n’ont plus les moyens de se nourrir. C'est pourquoi nous sommes ici".

"C'est un gouvernement terrible, nous parlons de pauvreté de masse, nous sommes dans un état de grave pénurie".

"En tant qu'infirmière, je ne peux même pas subvenir aux besoins de ma famille, non pas parce que je ne travaille pas dur mais parce que notre monnaie n’a aucune valeur".

Le gouvernement, indexé

Pour les manifestants, le gouvernement du président Bola Tinubu est le principal coupable de la situation, notamment en raison de réformes économiques controversées que  décrit l'économiste Gbolahan Olojede.

Il assure que "la crise s'est aggravée au cours de la dernière année en raison de deux problèmes majeurs : la suppression des subventions sur le carburant et l'unification du taux de change du naira par rapport au dollar. Ces deux choses ont fait grimper les prix en flèche".

Plusieurs morts

Amnesty international accuse les forces de l'ordre d'avoir tué 13 manifestants
Des forces de l'ordre dans les rues de LagosImage : Sunday Alamba/AP/picture alliance

Depuis quelques jours, les manifestations ont pris un tournant dramatique avec des morts mais aussi de nombreuses arrestations. Amnesty international évoque au moins 13 manifestants tués par les forces de l'ordre. De son côté,  la police indique que sept personnes sont mortes et nie toute responsabilité.

 "Nos éléments, à ce stade, montrent que là où il y a eu des morts, des membres des forces de sécurité ont délibérément usé de tactiques visant à tuer alors qu'ils faisaient face à des rassemblements de personnes dénonçant la faim et la grande pauvreté", a écrit Amnesty dans un communiqué publié sur X.

La répression se durcit comme a pu le constater Christine Mhundwa,la correspondante de la DW à Lagos, présente lors d'une manifestation jeudi dernier. 

Le point sur la situation au Nigéria

"Il y avait une forte présence policière ici à Lagos, avec des agents lourdement armés provenant de différentes unités de la police. C’est en partie la raison pour laquelle certains sont restés chez eux aujourd’hui, car ils craignaient que la police n’utilise la violence pour disperser les manifestations, ce qui s'est d'ailleurs passé", affirme-t-elle.

Malgré la répression, les organisateurs ont déjà annoncé qu'ils continueraient leur combat. 

Ils s'inspirent notamment des manifestations au Kenya qui ont poussé en juin dernier le président William Ruto à limoger son cabinet et à abroger une très impopulaire réforme fiscale.