Niger : les routiers quasiment à l'arrêt depuis le putsch
24 juillet 2024Environ 500 camions traversaient chaque jour la ville de Gaya, pour se rendre au Bénin voisin, sans compter ceux qui roulaient en sens inverse. Une artère vitale pour le commerce et les échanges qui est donc paralysée depuis une année.
"Nos militants ont beaucoup perdu avec la fermeture de la frontière et les sanctions de la Cédéao contre notre pays. Il y a des chargements qui ont été bloqués pendant six mois au Bénin. Après la levée des sanctions, nos militants ont espéré que le Niger allait ouvrir ses frontières", raconte Oumarou Sambo, secrétaire général du Syndicat des conducteurs.
"200 camions ont alors chargé de l’huile à partir du parc UEMOA de Malanville, mais ils sont restés bloqués plus de trois mois, car les frontières sont restées fermées côté Niger. Après, ils ont contourné vers le Togo et le Burkina Faso, malgré l’insécurité. Nous avons perdu plusieurs chauffeurs et des véhicules ont été calcinés."
Un trajet long, dangereux et coûteux auquel certains chauffeurs ont préféré renoncer. "J’ai préféré rester en famille que de prendre la route avec tous ces dangers", confie Ahmed, un conducteur de poids lourds résidant à Gaya.
Un quotidien difficile
Les chauffeurs nationaux aussi ne sont pas épargnés. Aminou, père de six enfants, est au chômage depuis six mois. C'est son épouse, Aichatou, qui gère les dépenses de la famille. Mais le quotidien devient difficile.
"Des fois, on trouve de quoi manger, mais parfois non, et même si on trouve à manger, ce n’est pas de la qualité", déplore Aminou.
Les conséquences de la fermeture des frontières ne se limitent pas aux transporteurs, les commerçants en sont aussi victimes.
Des milliers de familles en souffrance
Assis sous un hangar sous une pluie battante, le regard dans le vide, le président des commerçants a aussi jeté l’éponge.
"A Gaya, nous dépendons tous de la route. Aujourd’hui, si je commande les articles depuis Lomé, il me faut dépenser cinq millions pour le transport d’une cargaison de 45 tonnes. Il me faut payer la douane en plus et je n’aurai rien en termes de bénéfice, juste la perte. C'est pour cela que j’ai préféré laisser tomber", raconte El hadji Seydou Garba.
La fermeture des frontières a non seulement impacté les activités économiques, mais fait aussi souffrir des milliers de familles. Ici, les transporteurs, tout comme les commerçants, espèrent que les acteurs régionaux ouvriront un dialogue pour un avenir plus prospère.