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Sécurité alimentaireNiger

Niger : les enfants sont durement touchés par les sanctions

Dirke Köpp
31 août 2023

L’organisation d’aide International Rescue Committee (IRC) demande au gouvernement allemand et à la communauté internationale de permettre des exceptions dans les régimes de sanctions.

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Enfant devant le tableau noir dans une école
Ces enfants ont de la chance - ils peuvent aller à l'école. Au Niger, plus de 900 écoles sont fermées à cause de l'insécurité et environ 70 000 enfants sont déscolarisés. (photo d'archives)Image : Gazali Abdou/DW

Selon le plan d'aide humanitaire des Nations unies, plus de 4,3 millions de personnes au Niger ont un besoin urgent d'aide humanitaire. L’organisation International Rescue Committee (IRC) est l'une des ONG qui intervient auprès des populations au Niger. Elle demande au gouvernement allemand et à la communauté internationale de plaider en faveur des exceptions humanitaires dans les régimes de sanctions actuels et les éventuelles sanctions de l'UE. Paolo Cernuschi, directeur Niger pour l’IRC, explique comment les sanctions touchent les populations et comment elles compliquent le travail des ONG sur place.

 

DW : Monsieur Cernuschi, votre ONG, l'IRC, demande au gouvernement allemand et à la communauté internationale de plaider en faveur des exceptions humanitaires dans les régimes de sanctions actuels et les éventuelles sanctions de l'UE. - A quelles exceptions pensez-vous au juste ? 

Quand on parle d'exemption humanitaire, on veut dire que quel que soit le régime des sanctions, disons par exemple la fermeture des frontières, des mécanismes soient mis en place pour assurer que les ressources nécessaires pour la réponse humanitaire ne soient pas empêchées d'arriver aux personnes qui en ont besoin. Par exemple, ça veut dire que les intrants, donc les containers de médicaments, de suppléments nutritionnels qui sont nécessaires pour la réponse humanitaire, ne restent pas bloqués à cause de la fermeture des frontières. 

Paolo Cernuschi, directeur de l'IRC au Niger
Paolo Cernuschi, directeur de l'IRC au Niger, demande à l'UE de plaider en faveur des exceptions humanitaires dans les régimes de sanctions contre le Niger.Image : privat

Ce sont tous les besoins humanitaires dans les pays qui sont touchés, l'assistance humanitaire, bien sûr, mais aussi l'éducation en urgence, la lutte contre la malnutrition, la protection, l'assistance en abris et biens de première nécessité pour les personnes déplacées par des crises. 

Donc c'est vraiment tous les besoins multisectoriels de réponse humanitaire dans les pays. 

 Ça veut dire aussi : assurer que les organisations humanitaires puissent continuer à travailler sans empêchement et qu'ils puissent arriver à faire le travail sur le terrain avec les communautés pour livrer l'assistance humanitaire. 

DW : Quelle est spécifiquement la situation des enfants au Niger, la franche de la population la plus vulnérable ? 

Déjà avant les événements du 26 juillet, on avait une situation dans le pays où il y avait plus de 900 écoles fermées à cause de l'insécurité et à peu près 70 000 enfants déscolarisés. Le Niger est un pays où nous avons à peu près la moitié des enfants, entre sept et seize ans, qui ne sont pas à l'école.  

Actuellement, nous sommes en période de vacances scolaires. Mais en octobre, il va y avoir la rentrée. La situation actuelle est en train de mettre beaucoup de pression sur les activités économiques des populations et donc ça va créer un risque d'augmentation de vulnérabilité des enfants. Et surtout, ça pourrait empêcher la capacité des parents de renvoyer leurs enfants à l'école à la rentrée en octobre. 

Ecoutez les explications de Paolo Cernuschi (IRC)

DW : Cela se rajoute au problème de la malnutrition…. 

Oui, la plupart des régions du Niger continuent à enregistrer des taux de malnutrition pour les enfants de cinq ans qui sont très élevés. Et donc ça, c'est une situation qui risque vraiment de s'empirer avec une fermeture prolongée des frontières.

Concernant l'IRC, nous avons des intrants de suppléments nutritionnels qui sont en route, qui doivent arriver au Niger, sur des suppléments nutritionnels pour 2500 enfants. Mais nous ne savons pas quand ils vont arriver. Nous avons des stocks de contingence, donc nous continuons à traiter la malnutrition. Mais à un certain moment, ces stocks vont s'épuiser. 

Et donc, si les frontières ne rouvrent pas et on n'arrive pas à ravitailler les stocks, on va se retrouver dans une situation où on ne pourra plus traiter la malnutrition des enfants dans le pays pour manque des intrants. 

DW : La Cedeao n’impose pas ces sanctions pour nuire aux populations mais pour mettre la pression sur les putschistes. Est-ce la mauvaise strategie ? 

Pour nous en tant qu'organisation humanitaire, il est important de se focaliser sur l'impact que certaines décisions politiques, qu'elles soient prises par des autorités locales, régionales et internationales, l’impact qu'elles peuvent avoir sur les populations les plus vulnérables du paysLa situation actuelle est en train de mettre une forte pression sur la réponse humanitaire et sur notre capacité à continuer à la livrer et des conséquences sur la capacité des populations vulnérables à avoir accès aux services de base. 

Donc, ce qui est vraiment important, c'est de s'assurer que cette assistance puisse continuer, quelles que soient les décisions prises, comme je le disais, par les autorités locales, régionales ou internationales.