Nationalité allemande: entre le coeur et la raison
24 mars 2006Le quotidien Die Welt se réjouit de voir l’Allemagne en mesure de réaffirmer son identité, après sa timidité sur ce plan, suite à deux guerres mondiales perdues. Et de rappeler que durant des siècles le pays a été l’une des sociétés les plus ouvertes d’Europe, où c’est, indépendamment de la religion et de l’origine, avant tout la performance qui comptait. De ce point de vue les auteurs des questionnaires se trompent, affirme Die Welt. Qui veut rester en Allemagne n’a pas besoin de connaître les poèmes de Schiller ou la bible. Mais il doit être capable et désireux, dans un cadre professionnel légal, d’augmenter le produit national brut de manière substantielle.
Il n’y a rien à dire contre le fait que l’on demande aux candidats à la naturalisation de prêter serment sur la constitution, concède la Süddeutsche Zeitung. En revanche poursuit le journal, on peut remettre en cause la hauteur de l’obstacle à surmonter pour devenir allemand : Même un allemand de niveau moyen, a toute les peines du monde a réussir les tests, c’est donc qu’ils sont là avant tout pour tourmenter. Et de ce fait ils écornent les règles élémentaires de la démocratie. Celui qui vit ici, travaille et paie son loyer, autrement dit, celui qui a trouvé ici sa patrie doit faire partie de la communauté, sinon la démocratie ne fonctionne pas, prévient le journal. La nationalité est un aliment démocratique de base.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung, elle, met en exergue les divergences des partenaires de la grande coalition, sans cacher sa préférence:
Le SPD se veut plus xénophile que les autres, et spécule sur la reconnaissance électorale des naturalisés, auxquels on aurait facilité le processus, analyse la FAZ. Le ministre de l’intérieur chrétien démocrate, Wolfgang Schäuble, mise lui sur rapprochement après les régionales. Son plaidoyer en faveur d’un examen fédéral uniforme est légitime, car il s’agit d’établir une nationalité homogène, qui ne souffre pas de disparité quant à la difficulté de son obtention. Mais il ne faut pas que cela donne lieu à un marchandage au sein de la coalition, met en garde le quotidien : Le SPD accepte les tests et l’Union CDU-CSU le droit à la naturalisation après 5 ans de séjour. La nationalité allemande n’est pas un produit de pacotille.
Mais pas non plus le nec plus ultra si l’on en croit l’analyse de la Tageszeitung de Berlin. Selon laquelle un gouvernement divisé et en pleine campagne voit comme une providence le problème de l’intégration rencontrer celui de la faible natalité. Mais, remarque le journal, les nouveaux allemands ne sauveront pas la nation : à l’ouest, comme au Bade-Wurtemberg et en Basse-Saxe, les candidatures sont en régression, alors qu’à l’est, où la xénophobie est plus marquée, peu sont enclins de toute façon à se germaniser. Ce qui d’ailleurs laisse à penser que les potentiels néo-allemands en savent long sur nous. Avec ou sans cours d’intégration !