Nangaa demande la publication de l'accord Tshisekedi-Kabila
26 septembre 2023L'histoire retiendra que le contexte électoral de 2018 était « assez tendu », précise une source proche du dossier qui confirme l’existence de cet accord.
Contrairement à Martin Fayulu qui ne donnait aucune garantie à Joseph Kabila à propos de sa sécurité et d'une série d'autres dossiers, Félix Tshisekedi aurait ainsi dit "oui" à tout ce qui lui était proposé. Il aurait même accepté que cela soit consigné dans un accord qui aurait été validé par trois chefs d'état, Kenya, Egypte et Afrique du Sud, précise notre source.
A l'époque, Corneille Nangaa était président de la CENI, la commission électorale. Aujourd’hui, il est candidat à l’élection présidentielle, ce qui place ses déclarations dans un contexte politique.
C’est lui qui aurait participé à la rédaction de cet accord, dénommé "Accord pour la stabilité de la République démocratique du Congo". Il qualifie les propos du président Tshisekedi de mensonge d'état et demande à ce que l'accord soit rendu public.
"Monsieur Tshisekedi devrait se regarder dans un miroir avant de parler de l'accord qui le lie à son prédécesseur. Il s'agit d'un acte d'Etat qui ne peut être remis en cause par des simples sautes d'humeur. En politique, nier sa signature est extrêmement dangereux. Tout ce que je déplore, c'est cette superficialité avec laquelle le président Tshisekedi répond de ses engagements," explique-t-il à la DW.
-> Retrouvez ici l'integralité de notre entretien avec Corneille Nangaa
Un accord pour sauver le Congo ?
Corneille Nangaa prétend par ailleurs qu'avec cet accord, le pays a été sauvé d'un bain de sang.
Des propos qui sont loin de convaincre Fred Bauma, directeur du centre de recherche Ebuteli. Selon lui, cet accord n'avait rien à voir avec les activités de la Céni et le processus électoral en lui-même.
"Comment est-ce que le président de la commission électorale se retrouve en train de rédiger un accord politique entre candidats à la veille de la publication des résultats des élections ? Je pense que les révélations de Corneille Nangaa, surtout sur le rôle qu'aurait joué la Céni dans ces élections, nécessitent dans un pays normal l'ouverture d'une enquête parce que si la Céni a agi de cette manière, elle a certainement violé les dispositions de notre Constitution et la loi qui la régit. "
Polémique à 90 jours de la présidentielle
A moins de trois mois de la présidentielle, Toussaint Mangala, président du regroupement politique AABG, Actions audibles pour la bonne gouvernance, soutient la candidature de Félix Tshisekedi et pour lui, il n'y a aucun doute sur les intentions populistes de Corneille Nangaa.
"Il n'y a aucun crédit à accorder à Mr Nangaa, d'autant plus que le même Corneille Nangaa, pour des besoins populistes, revient à la charge. Il change de discours affirmant cette fois-ci qu'il y aurait un deal entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila et que celui-ci devrait être mis sur la place publique. Je pense que dans une démocratie, un monsieur qui tergiverse à ce point, n'a pas d'autre place que de se retrouver devant les instances judiciaires. "
Une polémique qui s'invite donc dans le débat public à quelques mois des élections. Selon le calendrier électoral, la campagne électorale se déroulera du 19 novembre au 18 décembre 2023. Tandis que l’élection présidentielle aura lieu le 20 décembre.