L’origine des mutilations génitales féminines n’est pas clairement établie. L’existence de la pratique est antérieure à la Chrétienté et à l’Islam..
En Gambie, les députés ont remis sur la table la semaine dernière la question de la levée de l'interdiction des mutilations génitales féminines (MGF), en vigueur depuis 2015. Une commission parlementaire a été saisie et doit décider du maintien ou non de l'interdiction de cette pratique condamnée par les ONG de défense des droits de l'Homme nationaux et internationaux.
La question divise en Gambie, pays à majorité musulmane. Selon le député Almameh Gibba, l'initiateur du texte devant ses collègues, "le projet de loi vise à préserver les principes religieux et à sauvegarder les normes et les valeurs culturelles". Il ajoute que "l'interdiction de l'excision est une violation directe du droit des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion".
Recul majeur
Pour leur part, les militants et les ONG de défense des droits de l'homme estiment que la réintégration des mutilations génitales féminines viendrait annuler des années de progrès et risque de nuire au bilan du pays en matière de droits de l'homme.
Divya Srinivasan, de l'ONG de défense des droits de la femme Equality Now affirme qu'il y a un risque inhérent que ce ne soit que la première étape et que cela conduise au recul d'autres droits tels que la loi sur le mariage des enfants... et pas seulement en Gambie mais dans l'ensemble de la région ouest-africaine".
Il faut rappeler que soixante-seize pour cent des Gambiennes âgées de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines selon un rapport publié en 2021 par l'Unicef.
Des filles sacrifiées
La levée de l'interdiction des mutilations génitales en Gambie, envisagée par les députés gambiens, enverrait le message que l'on peut "sacrifier" la dignité des femmes et des filles, a réagi le bureau des droits de l'homme de l'ONU qui a demandé le retrait du projet de loi. Tandis qu'Amnesty International a indiqué qu'il créerait un "dangereux précédent" pour les droits des femmes.
Comment mettre fin aux mutilations génitales féminines en Afrique?
Eric Topona a posé la question à ses invités sous l'Arbre à palabres. Il s'agit de:
- Michèle Eken, chercheuse sénior à Amnesty International bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre.
- Alpha Amadou Bano Barry, sociologue et enseignant-chercheur à l’Université de Conakry. Il a été conseiller chargé de l'enseignement supérieur à la présidence de la République de Guinée, puis ministre de l'Éducation nationale et de l'alphabétisation (MENA).
- Aisha Dabo, coordinatrice de AfricTivistes, réseau d’acteurs du changement africains qui utilisent les nouvelles technologies et le numérique pour la consolidation de la démocratie, pour la bonne gouvernance et les droits humains.