Mort de Saleh al-Arouri : Israël prêt pour "tout scénario"
3 janvier 2024L’armée israélienne n’a pas reconnu avoir mené cette opération, mais se dit prête à faire face à "tout scénario". Car la mort de Saleh al-Arouri ravive les craintes d’un embrasement régional.
C'est la première opération à viser les dirigeants du Hamas en exil, depuis le 7 octobre et l’attaque sanglante de l’organisation terroriste en Israël.
Deux étages d’un petit immeuble soufflés par trois frappes de drones. C'est là que se trouvait le bureau du Hamas au Liban, en plein cœur de la banlieue sud de Beyrouth. Le fief du Hezbollah libanais, classé organisation terroriste par les Etats-Unis ou encore l’Allemagne, n’avait plus été visé depuis le conflit entre Israël et le Liban en 2006.
Saleh al-Arouri vivait au Liban depuis plusieurs années. Avant cela et un passage en Syrie, il avait passé une vingtaine d’années dans les prisons israéliennes. Il avait été libéré en 2010, à condition de s’exiler.
Numéro deux du Hamas
Dans un enregistrement vidéo diffusé par le média public israélien KAN début décembre, le chef du Shin Bet, l'agence de sécurité intérieure israélienne, affirmait que le Hamas sera éliminé "partout". Que ce soit "à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Turquie, au Qatar. Cela prendra quelques années, mais nous serons là pour le faire", explique Ronen Bar dans cette vidéo.
Saleh al-Arouri avait rejoint le Hamas au moment de sa création à la fin des années 80, jusqu’à devenir l’un des fondateurs des Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, et à se hisser en 2017 au poste de numéro deux, juste en dessous de Ismaïl Haniyeh, le chef politique de l’organisation classée terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.
Considéré comme l’homme fort du Hamas en Cisjordanie, Saleh al-Arouri aurait aussi servi de lien entre l’organisation, le Hezbollah et l’Iran, où il se rendait régulièrement.
Craintes d’un embrasement
Il a été tué dans une "frappe chirurgicale" contre le Hamas, a expliqué un conseiller du premier ministre Benjamin Netanyahu, sans toutefois revendiquer l’opération. "Quel que soit l'auteur, il doit être clair qu'il ne s'agit pas d'une attaque contre l'État libanais", a ajouté Mark Regev sur la chaîne américaine MSNBC.
Cette déclaration qui fait écho à celle du premier ministre libanais, Najib Mikati, qui accuse Israël de "vouloir entraîner le Liban dans une nouvelle phase de confrontation".
De son côté, la Finul, la Force intérimaire de l'Onu au Liban, s'est déclarée préoccupée par les "conséquences dévastatrices" que pourrait avoir une escalade entre Israël et le Hezbollah.
Depuis le 7 octobre, la frontière israélo-libanaise est le théâtre d'échanges de tirs, principalement entre l'armée israélienne et le Hezbollah, qui dit intervenir en soutien au Hamas.
Le mouvement dénonce un "assassinat" qui "ne resterait pas impuni". Son chef, Hassan Nasrallah, doit prononcer un discours ce soir.