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Massacre de Duékoué : Amadé Ouérémi devant la justice

26 mars 2021

Amadé Ouérémi est poursuivi pour avoir participé au massacre qui a fait plus de 800 morts en 2011 à Duékoué, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.

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La justice ivoirienne sur les traces des auteurs du massacre de Duékoué
La justice ivoirienne sur les traces des auteurs du massacre de DuékouéImage : Sia KAMBOU/AFP

Dix ans après la fin de la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire, un homme est jugé depuis mercredi (24.03.2021) à Abidjan. Il s’agit de l’ancien chef de guerre Amadé Ouérémi qui est poursuivi pour avoir participé au massacre qui a fait plus de 800 morts dans la ville de Duékoué, dans l’ouest du pays.

Le massacre de Duekoué est l'un des dossiers les plus sensibles dans la longue crise que la Côte d’Ivoire a connue de 2002 à 2011.

Plus de 800 morts en deux jours

En mars 2011, alors que le pays est plongé dans une crise post-électorale, la ville de Duékoué va connaître l’horreur. 
Les 29 et 30 mars, des centaines de personnes sont massacrées par des miliciens favorables à Alassane Ouattara.

Le Comité international de la Croix-Rouge et plusieurs autres organisations humanitaires dénombreront un peu plus de 800 morts. La majorité des victimes appartenait à l'ethnie Guéré, jugée favorable à Laurent Gbagbo.

Combattants fidèles au président Ouattara le 18 avril 2011 à Abidjan
Combattants fidèles au président Ouattara le 18 avril 2011 à AbidjanImage : imago stock&people

Dix ans après ce massacre, Amadé Ouérémi, 57 ans, l'un des chefs de guerre qui aurait participé à ce massacre, comparaît donc devant la Cour d'assises d'Abidjan. 

Lire aussi →La CPI enquête sur les crimes de masse de Duékoué

Une amnistie qui plombe tout

Il est poursuivi notamment pour assassinats, viols, participation à un soulèvement insurrectionnel, traitements inhumains et dégradants. 

Pour Maître Traoré Drissa, président d’honneur du Mouvement ivoirien des droits humains, un des enjeux de ce procès est que cette fois, l’accusé est assez proche du pouvoir. 

"Cette affaire est la première de la crise postélectorale qui ne concerne pas les proches de Laurent Gbagbo. C'est une affaire qui va permettre de juger l'autre partie même si Amadé ne peut être considéré de façon absolue comme un partisan de monsieur Ouattara car il est considéré comme un supplétif ", estime Maître Traoré Drissa.

Lire aussi →L'ex-chef de l'armée de Côte d'Ivoire devant la Cour pénale internationale

Il existe toutefois un regret pour les défenseurs des droits de l’homme qui rappellent que certains accusés, dont des chefs militaires, pourraient ne jamais être jugés en raison d’une ordonnance d’amnistie signée en 2018.

Alassane Ouattara le président ivoirien a toujours du mal à réconcilier son pays
Alassane Ouattara le président ivoirien a toujours du mal à réconcilier son paysImage : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

"Nous avons toujours estimé que la réconciliation devrait se faire par la justice. Or, aujourd'hui, il n'y a que Amadé Ouérémi devant la justice. On n’aura personne d'autre devant la justice en raison d'une ordonnance d'amnistie pour d'autres accusés. Ce sera une symphonie inachevée car on n'aura pas des personnes qui avaient déjà été inculpées par la justice. Pour nous, c'est dommage", explique Maître Drissa Traoré.

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" Nous restons sur notre faim à cause de l'amnistie ", Maître Drissa Traoré ( MIDH)

Le procès ne fait que débuter et Amadé Ouérémi risque la prison à vie pour les crimes dont il est accusé. Des crimes qu'il nie. "Je n'avais pas d'hommes sous mes ordres. Je n'ai pas tué de Guéré", s'est-il défendu au premier jour de son procès.

L'Ouest de la Côte d'Ivoire a été l'un des points chauds de la crise post-électorale de 2010-2011, après le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara. 

Cette crise post-électorale avait fait officiellement plus de 3.000 morts.

Selon l'ONU et plusieurs organisations internationales, la prise de Duékoué par les combattants pro-Ouattara s'est accompagnée de massacres à grande échelle.

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle